Ghaza De notre correspondant Résultat d'une lutte effrénée pour le pouvoir, cette situation vécue dans la douleur par la population nuit gravement à la cause palestinienne. A l'inverse, l'occupant israélien en a été le principal bénéficiaire. La division des Palestiniens lui a permis à maintes reprises de fuir ses engagements pris dans le cadre du processus de paix. Les Palestiniens ont très souvent participé aux négociations de paix en position de faiblesse. La raison ? Mahmoud Abbas, pourtant président élu au suffrage universel, n'est pas reconnu par le mouvement Hamas qui gouverne dans la bande de Ghaza. «Avec qui devons nous négocier ? Avec Ramallah, où se trouvent le siège de l'Autorité palestinienne et son président Mahmoud Abbas, ou avec Ghaza où gouverne le Hamas ?» Il s'agit là des questions que les hauts responsables israéliens mettent souvent en avant pour légitimer leur refus de reconnaître au peuple palestinien le droit de bâtir son Etat indépendant sur l'ensemble des terres palestiniennes occupées en 1967. Aujourd'hui, cette page noire de l'histoire contemporaine du peuple palestinien est visiblement sur le point d'être tournée. Une feuille de route toute prête Cet optimisme résulte des déclarations de certains dirigeants palestiniens, en particulier de celles de Azzam El Ahmad, membre du comité central du Fatah et membre de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). «Quelques heures nous séparent de la réalisation de la réconciliation», a-t-il soutenu. Azzam El Ahmad est le chef d'une délégation de l'OLP qui devait rallier hier Ghaza pour discuter de l'application des accords de réconciliation déjà signés à Doha et au Caire. Il a fait cette déclaration dimanche, dans la capitale égyptienne, après une réunion avec Moussa Abou Marzouk, membre influent du bureau politique du Hamas, arrivé à Ghaza lundi pour prendre part aux discussions interpalestiniennes. Constituée de cinq membres appartenant à différents mouvements et organisations affiliés a l'OLP, la délégation désignée par le président Mahmoud Abbas devait gagner Ghaza par le point de passage de Beit Hanoune (Erez) contrôlé par l'armée israélienne. Azzam El Ahmad a précisé que la délégation qu'il présidera a une mission importante et claire : «Mettre un terme à la division.» «Elle ne présentera pas de nouvelles propositions. La délégation discutera de l'application des accords signés à Doha et au Caire», a ajouté M. El Ahmad. Le responsable fathaoui, présent lors de toutes les étapes de l'avancée du dossier de la réconciliation avec le mouvement Hamas, a indiqué que les discussions avec les dirigeants du Hamas, à leur tête Ismail Haniyeh (chef du gouvernement du Hamas à Ghaza) et Moussa Abou Marzouk porteront sur trois dossiers : formation d'un gouvernement d'accord national présidé par Mahmoud Abbas lui-même ; étude du dossier des élections législatives et de la présidentielle et enfin la réorganisation de l'OLP. Mounib El Masri, grand industriel palestinien, chef du Rassemblement des personnalités palestiniennes indépendantes, qui fait partie aussi de la délégation, a déclaré que «deux décrets présidentiels concernant la formation du nouveau gouvernement et la tenue d'élections devraient être publiés prochainement». En guise de geste de bonne volonté, le mouvement Hamas a libéré 10 éléments du Fatah. Les autorités égyptiennes, qui ont parrainé pendant des années les discussions de réconciliation interpalestinienne, ont tout entrepris pour que la rencontre entre les deux «frères ennemis» ait lieu. Malgré les profondes divergences avec le mouvement Hamas, accusé d'immixtion dans les affaires internes de l'Egypte, Le Caire a décidé en effet de faciliter l'entrée dans la bande de Ghaza par le terminal de Rafah de Moussa Abou Marzouk, dans le but de soutenir l'application des accords de réconciliation. En somme, l'espoir de voir les Palestiniens unis de nouveau est fort. Une nouvelle désillusion pourrait être fatale au peuple palestinien et à sa cause.