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Kamel Daoud, le meilleur d'entre nous
Publié dans El Watan le 21 - 12 - 2014

Cette question est de la plus haute importance pour l'avenir des sociétés musulmanes qui, en raison de la présence d'un courant d'opinion intolérant, s'opposent à la liberté de penser et d'écrire, considérant ces libertés comme un danger pour l'islam et pour l'idée de Dieu. Cette prédisposition d'esprit est, selon le grand théologien Mohamed Abdou et son disciple Abdelhamid Ben Badis, la cause du déclin de la brillante civilisation musulmane, déclin qui a coïncidé avec la victoire des hanbalites sur les mu'tazilas. Les hanbalites, dont Abdelfattah Hamadache est un pâle représentant, ont une lecture littéraliste du Coran qui est un texte sacré et, à ce titre, ne se lit pas comme un livre ordinaire. Il se lit avec le cœur pour découvrir sa dimension spirituelle et humaniste. Le Coran n'est pas un livre de combat ; c'est un enseignement éthique qui dit d'emblée que «tuer un homme, c'est tuer toute l'humanité».
La charia qu'il contient, la voie, n'est pas un droit répressif ; c'est un ensemble de principes qui protègent la vie, la dignité et l'honneur des hommes et des femmes dans la culture de l'époque où le Coran a été révélé. La charia a pour objectif final l'épanouissement de l'homme selon les époques historiques où il vit. Elle est un droit humain, élaborée sur la base de l'ijtihad par les imams Malik, Ibn Hanbal, Chafii et Hanifi qui connaissaient les œuvres de Platon et d'Aristote ainsi que la pensée philosophique de l'époque. Sur les 6000 règles du rite malékite, seulement 500 proviennent du Coran, selon A. Ghazali. Ceci prouve une créativité perdue aujourd'hui, où la charia n'offre pas cette image de droit humaniste parce qu'elle est mal comprise par des musulmans formés par des siècles de décadence au cours desquels le fiqh s'est transformé en un ensemble de règles répressives.
La charia et, d'une manière générale, l'islam sont victimes d'un appauvrissement culturel provoqué par l'ignorance qui s'est installée chez l'élite religieuse depuis la décadence qui a fait disparaître le pluralisme des interprétations et les débats contradictoires dans le kalam et le fiqh. Est-ce un hasard, si en droit, il y a quatre écoles juridiques qui se sont formées avant le Xe siècle ? Aboul Hamid Ghazali a réfuté Ibn Sina (Tahafut el Falasifa) sans jamais écrire qu'Ibn Sina n'est pas musulman ou qu'il mérite la mort. Car ce grand théologien, et avant lui Al Ash'ari, savait que ce n'est pas facile de donner une définition du bon musulman et de l'apostat. M. Hamadache a lancé son appel contre Kamel Daoud parce que ce dernier aurait blessé Dieu par ses paroles ou ses écrits.
Comment une petite créature comme Kamel Daoud pourrait blesser Dieu ? N'est-ce pas ramener Celui-ci à la dimension humaine ? Et voilà que Hamadache, en censeur de conscience et d'imam caché, court pour défendre Dieu ! Quelle prétention ! Sa réaction est l'illustration vivante de sa méconnaissance et de sa pauvre interprétation du Coran. Car peut-être que Kamel Daoud a exprimé un point de vue non conforme à la doctrine orthodoxe ; est-ce suffisant pour déclarer que ce n'est pas un musulman ? En islam, l'inquisition n'existe pas ; elle a été une pratique de l'Espagne catholique encouragée par l'Eglise et est étrangère à la culture musulmane.
Aucun homme, aucune institution n'a la prérogative de dire que tel ou tel n'est pas musulman, et ce, pour une raison très simple énoncée dans le Coran : nul ne sait ce qu'il y a dans le cœur d'un homme. Et Kamel Daoud est un homme de cœur comme il le montre tous les jours dans ses chroniques du Quotidien d'Oran. Il défend le faible, il condamne l'injustice, il tourne en dérision l'autoritarisme et il dénonce la corruption. Ce sont là des «mou'amalate» qui le désignent comme le meilleur d'entre nous. De ce point de vue, Kamel Daoud défend tous les jours les vraies valeurs de l'islam. Quant au rapport qu'il a avec Dieu, il faut laisser Dieu seul juge. Le Coran donne plus d'importance aux «mou'amalate» qu'aux «ibadate». Comment serons-nous jugés lors du Jugement dernier ? Sur notre comportement en société ou sur notre assiduité à la mosquée ? Bien sûr le Coran recommande le respect des «ibadate», mais l'homme étant ce qu'il est, le vrai critère, «es sah», de la générosité du cœur pour être un bon musulman, c'est les «mou'amalate».
Le philosophe iranien Abelkrim Soroush, ancien gardien de la révolution, écrit qu'il ne veut pas aller à la mosquée prier à côté de personnes qui se sentent contraintes par l'Etat ou la société. Il dit qu'il n'y a pas de foi sans liberté et il veut prier à côté de gens qui viennent à la mosquée de leur propre gré. C'est cela l'esprit de l'islam que Hamadache défigure en se prenant pour le vicaire de Dieu sur terre («khalifatu Allah fi ardihi»), ce qui est expressément interdit par le Coran. En attendant, un appel au meurtre est un délit grave que l'éthique religieuse et le droit condamnent sévèrement. L'Etat a l'obligation d'intervenir pour non seulement assurer la protection d'un citoyen, mais aussi pour garantir la liberté de pensée nécessaire à l'épanouissement culturel et spirituel de la communauté.


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