La messe est dite au Parti socialiste. C'est Benoît Hamon (49 ans) qui représentera le courant de la gauche à l'élection présidentielle d'avril et mai prochains, après avoir obtenu plus de 58% des voix au second tour de la primaire. Son concurrent, Manuel Valls, a récolté 41% des voix, quittant ainsi la course à la présidentielle «sans regret», a-t-il avoué. Benoît Hamon, qui représente l'aile gauche du Parti socialiste, doit maintenant unir les rangs d'une gauche en lambeaux. Dans son discours de victoire, l'ancien ministre de l'Education (2012-2014) a appelé au rassemblement pour enchanter à nouveau le rêve français et atteindre un «futur désirable». Celui-ci tourne autour de plusieurs idées nouvelles, comme l'octroi d'un revenu minimum universel à tous les Français, le passage à la VIe République où le peuple sera le véritable décideur, la légalisation de la consommation du cannabis ainsi que la révolution écologique comme un moteur de la nouvelle croissance. «Votre mobilisation me donne une force considérable pour vous représenter et gagner cette élection», s'est adressé Hamon à ses soutiens en liesse à la salle de la Mutualité, à Paris. «La gauche lève la tête et regarde vers l'avenir. Nous nous unirons lorsqu'il s'agira d'affronter nos adversaires.» A commencer d'abord par d'autres candidats classés à gauche comme Jean-Luc Mélenchon de France insoumise et Yannick Jadot, candidat des Verts à la présidentielle. M. Hamon a assuré qu'il prendra rapidement langue avec eux pour leur proposer de «construire ensemble une majorité durable capable de gagner la prochaine présidentielle et de battre la droite et l'extrême droite». «Je vais commencer à rassembler ma famille socialiste, car j'ai 30 années d'engagement dans le socialisme», a expliqué M. Hamon, qui risque de faire face à des résistances venant justement de sa propre famille politique, à l'image des socialistes libéraux proches de Manuel Valls ou d'Emmanuel Macron. Hamon et l'enjeu de l'union à gauche S'adressant aux jeunes, sa cible de cœur, Benoît Hamon a paraphrasé Alexis De Tocqueville : «Chaque génération est un peuple nouveau. C'est à vous de décider dans quelle France vous voulez vivre.» Mais au-delà de l'euphorie suscitée par la victoire, Benoît Hamon sait bien au fond de lui que le chemin qui lui reste à parcourir jusqu'au perron de l'Elysée est parsemé d'embûches. Tous les sondages le donnent perdant au premier tour de la présidentielle avec au maximum 15% des intentions de vote. Ajouté à cela la nonchalance et la méfiance affichées à son égard par les barons du socialisme qui s'apprêtent pour la plupart à rejoindre l'ancien ministre de l'Economie, Emmanuel Macron. Cependant, Benoît Hamon compte vraiment sur la remobilisation du peuple de gauche. Il espère un réveil populaire et un sursaut national pour barrer la route à la droite. Dimanche soir, Benoît Hamon a remporté une manche qui n'était pas gagnable au départ. Mais il lui reste à élargir sa base et convaincre les autres Français, fatigués par les scandales financiers qui touchent les hommes politiques. Le dernier est François Filon. Se présentant comme le candidat de la morale et de l'ordre, l'ancien Premier ministre sous Nicolas Sarkozy est embourbé dans un scandale de corruption appelé «Penelopegate» du nom de sa femme, qui a touché 500 000 euros en huit ans en tant que fausse attachée parlementaire. Benoît Hamon a au moins le bénéfice d'être un homme politique «propre», jamais impliqué ou cité dans un quelconque scandale. C'est sa force.