Les pharmaciens d'officine ont observé hier une demi-journée de grève à travers le territoire national. Le taux de suivi de ce mouvement de protestation varie entre 95 et 100%, selon Messaoud Belambri, le président du Snapo. «Un taux observé même dans les grandes villes comme Alger, Oran, Annaba, Constantine.» «Les délégués ont sillonné les principales villes et communes des différents wilayas du pays et le constat est satisfaisant. Le taux avoisine en majorité les 95 à 100%. Il y a eu une forte mobilisation des pharmaciens qui vivent quotidiennement cette situation de peur. Je salue les bureaux de wilaya qui ont contribué activement à la réussite de cette action de protestation», a souligné M. Belambri. Il rappelle que les revendications des pharmaciens sont légitimes dans le sens où «nous demandons à être protégés dans le cadre de l'exercice de notre profession à travers la publication de la loi 04/18 et du décret portant les tableaux des psychotropes». Interrogé sur la suite à donner au mouvement, le président du Snapo affirme maintenir la mobilisation jusqu'à la satisfaction des revendications. «Nous attendons que les pouvoirs publics passent à l'action à travers des mesures concrètes.» Djamila Kourta 100% à Constantine… La grève des pharmaciens, tenue toute la matinée d'hier dans la wilaya de Constantine, a été suivie à 100%, selon le chiffre du bureau local du Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo). Tous les pharmaciens de la wilaya ont répondu à l'appel du syndicat qui réclame «une protection juridique, une réforme réglementaire, un traitement juste, et pour que des mesures concrètes soient prises afin d'assurer leur sécurité et préserver leur dignité et leurs droits fondamentaux.» Interrogé par El Watan, Abdelkarim Bouherid, secrétaire du bureau de Constantine, s'est félicité de cette réussite. «Réellement, nous ne nous attendions pas à une telle réussite. C'est une grande satisfaction», a-t-il déclaré. A Constantine, la corporation des pharmaciens d'officine a exprimé une inquiétude et un grand malaise vis-à-vis des conditions dans lesquelles ils travaillent régulièrement, particulièrement vis-à-vis de la loi 18-04, qui «ne les couvre pas». M. Bouherid affirme que l'établissement et l'officialisation de la liste des médicaments classés parmi les psychotropes devient une nécessité à cause de la pression et la panique qu'ils sont en train de subir quotidiennement. «Nous attendons déjà depuis une année la liste des médicaments considérés comme des psychotropes, qui n'est pas encore officialisée et publiée par le ministère de la Justice. Citons le Lyrica à titre d'exemple, ce médicament n'est pas un psychotrope, mais le pharmacien éprouve un malaise à le vendre», explique le même syndicaliste, en ajoutant que le pharmacien ne sait plus quoi vendre aux clients du fait que beaucoup de produits de ce type sont détournés, notamment le Tramadol. Notre interlocuteur affirme que l'atmosphère de travail est caractérisée par une grande panique, ce qui a poussé le bureau national à envisager d'arrêter carrément la vente de ces psychotropes jusqu'à la clarification de la situation, particulièrement la loi 18-04. Parlant de la réglementation qui régit la commercialisation des psychotropes, les pharmaciens ont évoqué l'arrestation injuste de leur consœur à Mila, pour une vente de Lyrica, qui n'est pas considéré comme un psychotrope. Ils estiment qu'en plus des agressions qu'ils subissent de la part des dealers, ils sont exposés à des poursuites judiciaires. Pour conclure, Abdelkarim Bouherid a souligné que d'autres mouvements de grève sont envisagés, toujours sous les directives du bureau national du Snapo, si leurs revendications ne sont pas prises en considération. Yousra Salem … à Oum El Bouaghi aussi A l'instar de leurs confrères des autres wilayas du pays, les pharmaciens d'officine de la wilaya d'Oum El Bouaghi ont répondu à l'appel de leur syndicat, le Snapo, pour observer une demi-journée de grève. Outre les agressions dont il est souvent victime, le pharmacien d'officine n'exerce plus son métier dans la sécurité et la sérénité, craignant pour sa vie dans certains cas, comme lorsque des drogués lui demandent de leur procurer des psychotropes sans la présentation d'une ordonnance délivrée par un médecin spécialiste en psychiatrie ou en neurologie. Les habitants de Aïn Fakroun ne sont pas près d'oublier le crime dont a été victime un vendeur en pharmacie, il y a quelques mois, par des dealers qui voulaient prendre possession de certains médicaments. Par ailleurs, la grève a été marquée par une large adhésion hier à Jijel. Toute la matinée, les pharmacies ont gardé leurs rideaux baissés en signe de soutien aux démarches du Snapo, qui exige des pouvoirs publics la promulgation de la nouvelle loi portant révision de la loi 04-18. L. Baâziz et Fodil S.