Le peuple algérien continue de revendiquer un changement radical du régime et une alternative démocratique. La mobilisation n'a pas fléchi en dépit des tentatives d'affaiblissement visant l'essoufflement du mouvement. Pour le 18e vendredi consécutif, les appels à occuper pacifiquement les rues se sont multipliés. Et pour cause, ce passage «surprenant et inédit» du discours de chef d'état-major de l'ANP, le général Ahmed Gaïd Salah, mettant en garde «toute personne portant un autre drapeau autre que celui du l'emblème national». En effet, le dernier discours prononcé par le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, sonnant comme une «provocation et une menace», est inquiétant. L'homme, de facto, le plus fort du pays, incarnant à la fois la réalité du pouvoir qui ordonnait dans un passé récent la protection des marches, a mis en garde, à l'occasion de son dernier discours contre «les tentatives d'infiltration des marches» par une «minorité» qui, selon lui, brandissent des drapeaux autres que l'emblème national. «Il m'appartient également en cette occasion d'attirer l'attention sur une question sensible, à savoir la tentative d'infiltrer les marches et porter un autre emblème national par une infime minorité», a-t-il souligné. Le ton menaçant dont a usé le général contre le port de tout emblème autre que le drapeau national durant les marches, a provoqué un tollé et a suscité de vives réactions. Sur les réseaux sociaux, les internautes ont carrément changé leurs photos de profils des pages Facebook en les remplaçant par des photos montrant avec fierté l'étendard amazigh. Cependant, le chef d'état-major qui n'a pas donné de précision sur les emblèmes «mis en cause» a averti aussi que des «ordres et instructions fermes ont été données aux forces de sécurité afin de faire respecter strictement les lois en vigueur et de faire face aux individus qui essayent d'attenter à nouveau aux sentiments des Algériens à propos de ce sujet sensible et délicat». Le 18e vendredi de l'insurrection populaire s'annonce difficile. Les barrages filtrants de la Gendarmerie nationale mis en place sur le tronçon autoroutier seront sans nul doute renforcés et l'accès à la capitale sera de plus en plus difficile aux citoyens. La mise en garde du chef d'état-major de l'ANP a suscité surtout de l'inquiétude et provoqué surtout de la colère au sein des populations qui, en plus des slogans politiques portés sur les pancartes, continuent de véhiculer des messages de l'union rejetant ainsi toute endoctrinement de division.