La portabilité des numéros de téléphone est-elle en bonne voie ? Apparemment oui, si l'on en croit Brahim Boumzar, ministre de la Poste et des Télécommunications, qui a procédé à l'installation d'un groupe de travail chargé de l'élaboration d'une feuille de route visant la concrétisation des dispositions de la loi sur la poste et les communications électroniques, notamment son volet relatif à l'itinérance nationale, le dégroupage de la boucle locale et la portabilité des numéros. Dans une déclaration à la presse, le ministre a souligné que ce groupe de travail aura pour tâche «d'examiner les différents aspects techniques, juridiques et économiques inhérents à la mise en œuvre des dispositions consacrées par la loi 18-04 du 10 mai 2018 fixant les règles générales relatives à la poste et aux communications électroniques, en matière de partage d'infrastructures, de mutualisation des ressources, de promotion de la concurrence et d'encouragement de l'investissement dans le marché des télécommunications». Une démarche qui s'inscrit en droite ligne de l'orientation stratégique scellée dans le plan d'action du gouvernement, visant la réalisation d'une transformation numérique. La concrétisation de ces objectifs se fera notamment par le biais des mécanismes pratiques introduits par la loi 18-04, à savoir «l'itinérance nationale et le dégroupage de la boucle locale, qui permettront aux opérateurs de téléphonie fixe et mobile de mutualiser leurs capacités de réseau pour offrir des services de haute facture aux abonnés, notamment ceux résidants dans les zones enclavées non couvertes». La portabilité du numéro est une question de décision de l'Etat. Pour le marché, c'est favorable puisque les abonnés ne sont plus prisonniers d'un numéro, et parmi les avantages, c'est que le numéro devient la propriété du client et non celle de l'opérateur. Cependant, pour mettre en place la portabilité, il y a de grands aménagements à faire au niveau des réseaux : il faut que le numéro soit dans les plateformes de tous les opérateurs, permettant ainsi de faire jouer la concurrence entre eux. Il est temps pour notre pays de mettre en place cette fonction tant elle présente de nombreux avantages : partout où elle a été appliquée, on a constaté une baisse des prix, une meilleure accessibilité des consommateurs à la téléphonie, un maillage plus dense et plus profond du territoire par les opérateurs et une meilleure qualité des services. La portabilité des numéros fixes et mobiles est opérationnelle au Maroc depuis le 31 mai 2007. Elle a été introduite au Ghana le 7 juillet 2011 et l'Afrique du Sud a démarré cette expérience le 10 novembre 2006. C'est dire que la portabilité du numéro, faisant de l'abonné le bénéficiaire véritable du numéro est la tendance dominante dans le monde. Mais elle tarde à faire partie du paysage algérien des télécommunications. Il est vrai que la large diffusion du mobile utilisé pour la communication contraste avec la faible adoption des services numériques. Avec l'itinérance nationale, le dégroupage de la boucle locale et la portabilité des numéros, le gouvernement entend rattraper une partie du retard.