Le temps est un révélateur, même s'il passe lentement. On sait maintenant pourquoi la chasse à l'outarde et la gazelle, espèces protégées et interdites de chasse en Algérie, était acceptée et même accompagnée par la gendarmerie pour les riches émirs du Golfe. En contrepartie de cette largesse faite sur le dos de la loi et des animaux en voie de disparition, les prestigieux hôtes payaient, par des cadeaux royaux comme vient de l'avouer l'ex-Premier ministre Ouyahia lors de son procès en appel. Des lingots d'or, que lui-même a reçus, une soixantaine selon ses aveux, qu'il a revendus au marché noir pour la somme de 350 millions de dinars, soit 35 milliards. L'homme, qui jurait se débarrasser du marché parallèle, le légaliste nationaliste et scrupuleux qui avait dans un premier temps refusé de dévoiler l'origine de sa fortune placée sur son compte bancaire, était finalement un petit fonctionnaire véreux qui se faisait de l'argent simplement par sa fonction. Pour rappel, il avait lors de ses premiers procès refusé de divulguer l'origine de sa fortune personnelle, malgré l'insistance des juges, expliquant qu'il mettrait en danger certaines personnes. S'agit-il des riches émirs du Golfe ? Non, il n'y a aucune chance pour qu'ils soient traînés en justice pour corruption, transfert d'or sans autorisation, chasse illégale ou destruction de patrimoine animal, mais il y a des chances que le dossier s'alourdisse pour Ouyahia. On ne sait pas ce qui lui a pris d'avouer ce crime lors de sa comparution dans le cadre du montage automobile, la fatigue, la déprime, le remords et le fait d'être en prison à Abadla, dans la région de Béchar, au pays de la gazelle et de l'outarde. Ce qui est sûr, c'est que s'il s'en sort, comme c'est la mode en ce moment pour certaines catégories de détenus qui savent négocier, ce ne sont pas les Algériens qui vont s'en prendre à lui, mais tous les animaux de la région, dont les proches ont été sauvagement décimés pour que lui puisse gagner de l'argent sans rien faire. Advertisements