Une centaine de personnes, essentiellement des fellahs, porteurs de projets dans le domaine de la pisciculture, ont investi la salle de réunion de la Chambre d'agriculture la semaine passée. Objectif de la rencontre : dispenser des cours théoriques et applications sur le terrain de techniques d'élevage de poissons en eau douce, ensemencement de bassins avec des alevins et dégustations. C'est la station régionale de Tiaret qui relève de la direction régionale de Relizane et son dynamique responsable, Dr Abdelhamid Benamara qui assurait cette formation au profit des fellahs, dont certains sont déjà confrontés sur le terrain avec les aléas mais surtout les bienfaits que procure cette activité aquacole. Selon ce responsable, docteur vétérinaire de son état, spécialisé en maladies des poissons, «l'investissement qui en est à ses balbutiements dans la région n'arrive pas à bien décoller car en plus d'un manque de communication, il y a absence de financement mais aussi de savoir-faire». D'où ces journées de vulgarisation-formation complétées par une sortie chez certains fellahs qui réussissent relativement bien leurs projets. Il s'agit là, précise le Dr Benamara, «de focaliser sur le développement de la pisciculture intégrée qui allie travail pour l'élevage du poisson et irrigation de la terre par les eaux rejetées des bassins et plans d'eaux». Des projets réussis il y en a, à l'exemple du projet de Badrani Badrane, dans la commune de Hamadiaou. Ce projet, en effet, a concerné l'expérimentation, mais surtout la prise d'alevins et leur injection dans d'autres bassins appartenant à d'autres fellahs intéressés. «La station de Tiaret, qui a reçu six dossiers, étudie actuellement la faisabilité de ces projets pour les soumettre à l'éligibilité à financements», nous fait-on savoir. Le responsable de la station de Tiaret, qui accompagne des agriculteurs de la région et ce depuis l'année 2016, en marge de la rencontre, nous a d'ailleurs déclaré que «l'expérience a démontré qu'il fallait développer des espèces adaptés au climat de la région». Et d'ajouter qu'en plus des espèces connues comme la carpe argentée, la grande bouche, le carassin et le barbot, «il a été prouvé que le Tilapia du Nil, déjà expérimenté, ne peut pas survivre au-delà d'une certaine température ni résister au froid. D'où, d'ailleurs, l'intérêt porté sur la carpe». Les fellahs qui ont commencé à se familiariser avec ces cultures et ses espèces ont compris l'enjeu d'utiliser l'eau fertilisée et lier ainsi l'utile à l'agréable. «Chez un fellah, on a pu constater la différence dans le développement d'une oliveraie irriguée avec l'eau provenant d'un bassin d'élevage de carpes et les autres cultures qui n'ont pas reçues cette eau. La différence est de taille !», nous explique-t-on, avant de signaler que ce sont deux enseignants de l'Institut de pêche marine d'Oran «qui ont accompagné, pendant deux jours, cette formation centrée sur les méthodes de fertilisation des bassins et la valorisation des déchets dans l'alimentation du poisson d'eau douce». Au programme figurait, pour ce qui est du deuxième jour, une séance d'engraissement à partir du projet réussi de monsieur Djeriou de la commune de Rechaiga. A Tiaret, le docteur Benamara nous a expliqué que pour l'heure, «nous avons jeté notre dévolu sur deux zones aquacoles. L'une à Serghine et l'autre à Dahmouni. Car, outre la disponibilité de l'eau, les terres ne sont pas accidentées et carrossables, amenées d'énergie électrique». A signaler qu'au dernier jour de la formation ; les organisateurs ont prévu une séance de dégustation et de techniques de cuissons de ces variétés de poissons à l'endroit, principalement, de jeunes stagiaires des centres de formation professionnelle puisqu'une convention a été signée entre ce secteur et celui de la pêche. Une formation dispensée localement et sanctionnée par un diplôme. Advertisements