Un pays si fragilisé politiquement et sécuritairement, comme la Mauritanie, ne pouvait échapper à une forte emprise des services secrets étrangers. Avec une succession de tentatives de coups d'Etat, Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya, le Président mauritanien, s'est retrouvé inévitablement devant une situation de confusion. Ne pas trop se fier aux structures de renseignements qu'il est censé contrôler, mais avec toute la propension de tomber dans le jeu trouble des services étrangers. La France n'était plus en bons termes avec Ould Taya, notamment avec l'affaire du capitaine Ely Ould Dah. En juin 1999, cet officier des renseignements suivait un stage de perfectionnement dans le sud de la France lorsqu'il est arrêté, accusé de tortures contre des Mauritaniens. Nouakchott réagira en gelant la coopération militaire avec Paris et en imposant le visa aux Français désireux de se rendre en Mauritanie. Ancienne puissance coloniale, la France s'est vue vraiment bousculée, ces six dernières années, par les Etats-Unis. Washington n'étant en fait « ni avec ni contre Ould Taya », mais ses services secrets ont toujours acculé le président déchu. Cela en propulsant toutes les formes d'opposition sur le devant de la scène mauritanienne. L'ambassade américaine se trouve mitoyenne de la Présidence de la République ! Dans cette équation à plusieurs inconnues, Israël se positionne en véritable outsider dans ce pays. Depuis justement 1999, les relations diplomatiques ont été hissées au niveau des ambassades. Ce qui a donné à Tel-Aviv une grande marge de manœuvre. Israël était du côté d'Ould Taya « tant que ça marchait bien », mais savait très bien qu'il était gravement fragilisé. Quant au Maroc, un grand effort de rapprochement a été accompli, ces trois dernières années, avec Ould Taya. Rabat avait pris comme choix stratégique de « peser de tout son poids » pour avoir un allié dans la région, notamment vis-à-vis de l'Algérie. Celle-ci, bien que depuis longtemps très proche de la Mauritanie, a pourtant pris ses distances depuis deux années. L'intérêt pour ce pays voisin demeure incontestablement présent surtout avec la destitution de Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya.