En pénétrant à l'hôpital de Sidi Ghilès (Tipasa) après la rupture du jeûne, vendredi dernier, l'un des monuments de l'artisanat en Algérie, Madame Houria Bouhi, ignorait qu'elle était en train de vivre ses derniers moments. Elle avançait lentement dans le hall de l'hôpital. Selon le diagnostic du médecin de garde, l'intervention chirurgicale était inévitable. Houria Bouhi, qui a travaillé inlassablement jusqu'à son dernier soupir, a laissé des toiles ornées de dentelle encore inachevées. Les futures mariées attendent encore leurs draps et couvre-lits. On peut trouver les œuvres de Houria Bouhi chez de nombreuses familles vivant en Suisse, en Italie, en France et en Angleterre. «Les motifs que vous voyez sont issus de mes idées, nous disait-elle. vous ne les verrez pas ailleurs.» Houria Bouhi était marginalisée à l'échelle locale par des personnes qui prétendent détenir le monopole en matière de patrimoine. Son talent est reconnu et même apprécié ailleurs. Elle avait été honorée de son vivant par Khalida Toumi, Benbada Mustapha et Ouchen Mohamed, respectivement ministre de la Culture, ex-ministre de l'Artisanat et wali de Tipasa. Elle a su, de son vivant, préserver et perpétuer un patrimoine artisanal. Elle est décédée à l'âge de 94 ans. L'annonce de sa mort, hier, s'est répandue tel un éclair chez ses admirateurs et ses admiratrices.