Le juge d'application des peines du tribunal de Melun (près de Paris) a rejeté hier mardi la demande de libération conditionnelle introduite par le chanteur algérien de raï, cheb Mami, condamné le 3 juillet 2009 à 5 ans de prison ferme pour tentative d'avortement forcé de son ex-compagne. Paris De notre correspondant Contacté par téléphone, maître Khaled Lasbeur, un des deux avocats de la star du raï, a indiqué, pour El Watan, que le juge a motivé sa décision par le fait que le fils du chanteur, âgé aujourd'hui de moins de dix ans, «vit toujours en Algérie et non pas sous le toit de son père, c'est-à-dire en France». Or le même avocat fait remarquer que la loi «n'exige pas que l'enfant ait sa résidence en France mais chez le père» et «c'est le cas, car avant son incarcération, cheb Mami, sa femme et son enfant vivaient ensemble en Algérie». Me Lasbeur a néanmoins ajouté qu'il ferait appel de cette décision auprès du tribunal et garde l'espoir d'obtenir la libération de son client. Par ailleurs, il s'est demandé pourquoi la justice avait accepté de libérer le co-inculpé de Mami — le producteur Michel Lévy — pourtant impliqué directement dans la tentative d'avortement et condamné à quatre ans de prison ferme, tandis qu'elle a laissé son client sous les verrous : «Pourquoi son co-inculpé a-t-il été remis en liberté, alors qu'il est l'auteur principal de l'infraction, et pas Mohamed Khlifati (vrai nom de Mami ndlr) ?» A la question de savoir comment l'enfant de la ville de Saïda a accueilli la décision du tribunal, Me Lasbeur a répondu : «Il s'attendait à cela.» «Cependant, a-t-il enchaîné, il pourrait bénéficier de permissions pour sortir le matin et rentrer le soir pour voir sa famille ou ses amis.» Mami, qui a fui la justice française en passant par l'Espagne, a été condamné pour cinq ans de prison ferme pour «violences» avec circonstances aggravantes en 2005 à l'encontre de Camille, une photographe de presse de 43 ans, avec laquelle il entretenait une liaison. Dans une interview exclusive accordée récemment à notre confrère arabophone Al Khabar, le prince du raï disait qu'il était «tombé dans un traquenard machiavélique et que tout a été fait pour le détruire». Il a ajouté qu'il est «découragé psychologiquement» et «ressent une profonde injustice». «J'ai la conviction profonde qu'une force occulte a tout fait pour me détruire artistiquement et socialement .» Si rien n'est fait, Mami devrait encore purger près de quatre ans de prison. A moins que le recours en grâce déposé par son avocat auprès du président français Nicolas Sarkozy aboutisse.