Après une longue léthargie, la scène politique se ranime avec une effervescence généralisée. L'opposition radicalise son discours à l'égard du pouvoir. Le FLN – parti majoritaire dans les assemblées – s'embourbe dans des tiraillements internes. Son secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, tente à chacune de ses sorties de minimiser l'étendue d'une crise qui risque fort bien de l'emporter. Des personnalités dites indépendantes ne veulent pas rester à l'écart. Les Ghozali, Benbitour se déchaînent contre le pouvoir. C'est un emballement qui donne l'impression du début de la fin de quelque chose. Pas si sûr. La confusion et le verrouillage du champ politique ne permettent pas une analyse rationnelle et claire. Le chef du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Saïd Sadi, évoque des signes qui confirment «que l'après-Bouteflika a commencé». Selon lui, l'armée «a repris les choses en main avec la mise à l'écart de Yazid Zerhouni (…) Il y a une remilitarisation des institutions de l'Etat avec la nomination du général Hamel à la tête de la DGSN», a-t-il déclaré samedi dernier. D'autres acteurs de la scène politique nationale font une autre analyse qui consiste à dire que «l'agitation» actuelle est tout à fait «naturelle et normale». Les lectures divergent. Cela dépend de quel côté se situe-t-on. L'aile islamiste de la coalition gouvernementale que représente le MSP juge que le bouillonnement de la vie politique est «normal à chaque rentrée sociale». Même si ce parti évoque des «non-dits» lorsqu'il parle de la crise qui secoue le FLN. Mohamed Djemaâ, porte-voix du MSP, a estimé que «ce qui se passe au FLN est révélateur d'une guerre de positionnement dans la perspective des élections législatives et municipales de 2012», regrettant ainsi «l'absence d'un débat politique sur les grandes questions nationales». Chez l'ex-parti unique, on tempère. «Il y a de bonnes et de mauvaises choses au FLN. Ce qui s'apparente à un conflit n'est qu'une lutte de positionnement pour les prochaines échéances électorales», a résumé Kassa Aïssi, porte-parole du parti. Cependant, il ne cache pas que son parti se prépare – comme toute autre formation politique – à assumer des responsabilités politiques importantes. Illusion faite à la prochaine présidentielle. Belkhadem a clairement affiché ses ambitions présidentielles. Le député non inscrit, Ali Brahimi, ne se fait pas trop d'illusions quant à la réanimation politique. «Il s'agit d'un théâtre de marionnettes qui s'anime aussi bien à l'échelle des placements individuels qu'à l'échelle du multipartisme factice qui étouffe la société et discrédite la classe politique.» «Les enjeux sont clairs quoique veuillent les amateurs de la confusion. L'Algérie a besoin d'une réouverture du champ politique à travers la liberté d'organisation pour pouvoir remobiliser les forces vives de la nation dans le sens de la construction», ajoute-t-il.