Le dossier des chômeurs est-il bien pris en charge en Algérie ? En tout cas, c'est l'impression que donne l'ENTV à travers la série de reportages qu'elle diffuse dans le JT depuis quelques jours. Des reportages qui n'ont montré que des jeunes qui ont réussi leurs projets dans le cadre de l'Ansej, exhortant les autres à suivre leur exemple. Mais la réalité du chômage, sur le terrain, est tout à fait différente. Combien de jeunes n'ont pas réussi à avoir un crédit dans le cadre de l'Ansej ? Combien de chômeurs ne remplissent pas les conditions pour faire admettre leurs projets ? Telles sont les véritables questions auxquelles l'ENTV n'a pas tenté de répondre. Pourtant, les exemples de jeunes chômeurs ne manquent pas dans la société. «L'ENTV continue à avoir le réflexe stalinien en tournant le dos aux besoins réels des jeunes. La série de reportages qu'elle vient de monter donne l'image de jeunes qui ne veulent pas travailler. C'est une fausse propagande», estime Fayçal, spécialiste en communication. Et d'ajouter : «L'ENTV ne donne pas la parole aux jeunes, aux syndicats autonomes et aux partis de l'opposition.» De l'avis de ce spécialiste, la question qui s'impose et qui mérite d'être abordée dans ces reportages est celle relative à la place qu'occupent les jeunes dans le monde du travail. «Pourquoi les jeunes n'arrivent toujours pas à accéder aux postes de responsabilité ? Pourquoi les secteurs public et privé n'arrivent pas à créer de nouveaux postes d'emploi permettant d'absorber le chômage ? Ce sont les questions que la télévision algérienne est incapable de traiter», conclut ce spécialiste. De l'avis de certains citoyens, les reportages de l'ENTV et sa manière de traiter l'information ne peuvent en aucun cas influer sur les attitudes des Algériens et leur vision du monde. «Quand je veux m'informer sur un quelconque événement, je regarde Al Jazeera ou les autres chaînes étrangères», fait remarquer Nadia, une mère de famille qui a perdu espoir en ces organismes créés pour aider les jeunes chômeurs. L'ouverture annoncée par l'ENTV, visant la prise en charge des préoccupations des citoyens, n'est en fait qu'un leurre. «Quand les médias ont commencé à parler de l'ouverture de l'ENTV, cela m'avait fait rire. Ces médias sont-ils dupes ou bien veulent-ils jouer son jeu ? L'ENTV reflète la politique du pouvoir en place, et ce pouvoir est toujours le même», commente Karim, un cadre travaillant dans l'extrême sud algérien. Ce dernier n'a pas refusé de travailler, bien qu'il soit au courant des conditions climatiques caractérisant le Sahara. «Ceux qui parlent des salaires faramineux dans le Sud ont tort. Notre prime de zone ne couvre pas les prix des produits alimentaires qui sont exorbitants», affirme-t-il. Et de poursuivre : «L'ENTV parle de ceux qui refusent de travailler, mais elle ne parle jamais de la nature du travail, ou plutôt des conditions de travail. L'image qu'on diffuse et la réalité du terrain sont deux choses différentes.»