Après le maire de Paris, des associations et des syndicats s'élèvent contre les arrestations de migrants, en majorité tunisiens, en France. Paris De notre correspondante Des dizaines d'immigrés tunisiens, pour la plupart arrivés récemment d'Italie, ont été, ces derniers jours, arrêtés et placés en garde à vue à Paris, en Seine-Saint-Denis et à Marseille pour «infraction à la législation sur le séjour». Les préfectures concernées soulignent que l'objectif est de contrôler l'identité de ces personnes «arrivées en masse» et d'établir un «diagnostic» de la situation de chacune avant d'envisager un traitement au cas par cas. La préfecture des Bouches-du-Rhône expliquait, jeudi, préparer «un dispositif permettant la réalisation rapide d'un retour au pays» des immigrés tunisiens arrivés à Marseille. «La situation, créée par cette arrivée récente de ressortissants tunisiens dans la ville de Marseille, exige une réaction concertée et mesurée», estime le préfet des Bouches-du-Rhône, Hugues Parant. Détenteurs de permis de séjour en zone Schengen octroyés par Rome pour nombre d'entre eux, ces immigrés ont traversé l'Italie en train pour rejoindre Vintimille, puis Nice et Marseille, voire Paris. Les pouvoirs publics français estiment toutefois que ce n'est pas suffisant pour rester en France, les détenteurs de ces permis provisoires doivent aussi avoir des ressources suffisantes (60 euros par jour). A Paris, une chaîne de solidarité s'est organisée pour venir en aide à plusieurs centaines de ces migrants, réfugiés depuis plusieurs semaines autour de la porte de Villette ou dans le parc de Belleville. Pour Bertrand Delanoë, les interpellations effectuées au même moment par la police sont «choquantes». «Elles interviennent quelques heures après que la Ville de Paris eut décidé de missionner les associations France Terre d'asile et Emmaüs pour évaluer la situation de chaque personne migrante et proposer des solutions adaptées», écrit l'élu socialiste dans un communiqué. «Je demande à l'Etat de cesser ces opérations de police qui ne sont pas à la hauteur de la situation», ajoute-t-il. «Les droits de l'homme et le droit d'asile sont bafoués par ce gouvernement. Ce dernier n'a de cesse de mener une politique anti-immigrés», estime pour sa part l'Union syndicale solidaire. Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) souligne que des mineurs figurent parmi les migrants et qu'ils devraient être spécialement protégés au titre des lois sur la protection de l'enfance. «A l'heure où la Tunisie accueille elle-même plus de 200 000 personnes ayant fui la Libye voisine, la France, comme l'Union européenne, devrait arrêter de se couvrir de honte en pratiquant le repli frileux», ajoute le MRAP. «La réponse policière et autoritaire, apportée par le ministère de l'Intérieur à la situation des jeunes Tunisiens arrivés en France depuis l'Italie, est inacceptable parce que disproportionnée. Inacceptable aussi parce qu'intervenant à proximité des lieux de distribution alimentaire, sur des personnes en grande précarité. Le bâton pour les sans-abri étrangers, est-ce cela la France de 2011 ?», s'interroge France Terre d'asile. France Terre d'Asile propose «un examen individuel des situations avec une mise à l'abri, un retour digne en Tunisie pour ceux qui sont volontaires à entrer dans un tel dispositif, l'inscription dans une formation professionnelle pour ceux qui peuvent y prétendre, l'accès à une protection internationale, notamment pour ceux qui viennent de Libye». Dans un autre communiqué, France Terre d'asile en appelle à «une véritable mobilisation des forces progressistes». «Il faut que les femmes et les hommes de raison se mobilisent pour empêcher la dérive constante vers des thématiques de repli, remettant en cause aussi bien les acquis patients de la construction européenne que la nécessaire ouverture maîtrisée, raisonnable et humaniste à l'autre».