Une bactérie tueuse à l'origine inconnue met depuis la semaine dernière les exportations européennes de produits agricoles en grandes difficultés. Cette bactérie avait coûté jusqu'à vendredi la vie à 18 personnes en Allemagne où elle s'est déclarée sans que les autorités sanitaires européennes ne sachent sa provenance. Première a réagir la Russie a décrété un embargo sur les exportations agricoles en provenance de l'Union européenne (UE). Ce pays qui importe environ 600 millions d'euros de légumes européens chaque année a posé jeudi plusieurs conditions à la levée de l'interdiction. L'agence russe de protection des consommateurs demande, selon les agences de presse, que «les structures compétentes» en Allemagne ou dans l'Union européenne confirment les «raisons de l'épidémie» avant toute levée de l'embargo. Selon Moscou, les Européens doivent également établir comment et via quels aliments l'épidémie s'est propagée et déterminer l'origine des aliments en cause. La Russie demande enfin à l'UE de prouver que la situation est sous contrôle et de publier une liste des mesures qui ont permis d'arrêter la propagation de l'épidémie. La Commission européenne a qualifié jeudi de «disproportionnée» l'embargo de la Russie et avait demandé «le retrait immédiat de cette mesure».Le Premier ministre russe Vladimir Poutine s'est montré intransigeant. «Les représentants de la Commission européenne nous disent que cette décision de la Russie est contraire aux principes de l'Organisation mondiale du commerce (...) mais des gens meurent là bas (en Europe) car ils consomment ces produits, et nous n'allons pas empoisonner nos citoyens au nom de quelconques principes», a-t-il déclaré vendredi. Dans la foulée, le Liban a également décidé d'interdire l'importation de légumes de l'ensemble des pays européens en raison des craintes liées à la bactérie tueuse. L'Espagne est le premier pays à avoir pâti de cette situation de suspicion après que ses produits (des concombres précisément) aient été suspectés avant qu'ils ne soient par la suite mis hors de cause. Entre temps, plusieurs pays européens ont arrêté d'acheter des fruits et légumes de ce pays. Lésée, l'Espagne compte se faire dédommager et l'a déjà fait savoir à l'UE. Le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a affirmé à la radio que son pays allait «exiger la réparation du dommage subi devant les instances compétentes en Europe, pour le dédommagement des préjudices qui ont été provoqués». L'Allemagne qui avait lancé l'alerte sur le concombre espagnol a promis qu'elle allait «étudier des formules dans le cadre européen afin d'indemniser les agriculteurs affectés». M. Zapatero avait critiqué «l'erreur fracassante des autorités allemandes» dans cette affaire. Mme Clara Aguilera, la responsable de l'Agriculture du gouvernement régional d'Andalousie, d'où provenaient les lots de concombres suspects, a assuré que «rien que dans le secteur du concombre et depuis le début de la crise jusqu'à aujourd'hui, on a enregistré des pertes d'une valeur de 75 millions d'euros». Les producteurs de fruits et légumes espagnols, premiers exportateurs en Europe, ont enregistré une chute de leurs ventes en raison de la psychose. La Fédération espagnole des producteurs-exportateurs de fruits et légumes (Fepex) a évalué mardi les pertes «à environ 200 millions d'euros par semaine» pour l'ensemble du secteur, évoquant un «effet domino» affectant les autres produits espagnols. En Belgique, on estime que le secteur flamand de l'agriculture perd six millions d'euros par semaine, en raison de cette épidémie.