La polémique ne cesse d'enfler entre le ministère de l'Intérieur et les partis représentés dans la Commission nationale de surveillance des élections (CNSEL) sur la question de l'utilisation d'un bulletin unique. La réponse du directeur des libertés et des affaires juridiques au ministère de l'Intérieur, Mohamed Talbi, à la requête de la CNSEL irrite les formations politiques favorables à ce système. «En principe, le ministère de l'Intérieur doit respecter l'avis des partis et leur choix. Ce sont eux qui s'engagent dans la compétition et non pas l'administration, dont le rôle se limite à l'organisation», affirment les responsables du Parti des travailleurs (PT) et du MSP, qui sont les premiers à exiger l'instauration du bulletin unique. Ils donnent leurs arguments. «Le système que nous avons proposé permet d'éviter tous les problèmes qui surgissent lors de l'opération du vote. D'abord, il facilite la tâche de l'électeur. Celui-ci aura un seul bulletin dans lequel figurent les listes des partis en lice dans sa circonscription. Mais s'il y a plusieurs bulletins, l'électeur aura beaucoup de difficultés à faire son choix, d'autant plus que dans certaines circonscriptions il y a plus de 50 listes», explique Djelloul Djoudi, chargé de communication du PT. Le second argument avancé par le parti de Louisa Hanoune porte sur la transparence des élections. Pour Djoudi Djelloul, «un bulletin unique est un rempart contre toutes les tentatives de fraude». «Le bulletin unique facilite le contrôle. Les gens qui veulent acheter les voix et ceux qui donnent des instructions de vote n'auront aucune occasion d'influer sur le résultat de l'élection», ajoute-t-il. L'autre avantage de ce système, estime-t-il encore, «est qu'il permet la décantation». «Les gens votent généralement sur des programmes. Avec un bulletin unique, dans lequel on retrouve les photos des chefs de partis, la décantation se fera facilement», précise-t-il. Kamel Mida, chargé de communication du MSP, abonde dans le même sens. Selon lui, un bulletin unique «permet non seulement de faciliter le choix des électeurs, mais aussi d'économiser le papier». «Les arguments avancés par le ministère de l'intérieur sont illogiques. La loi électorale parle de listes, mais elle ne dit pas qu'il faut avoir plusieurs bulletins. Cela est une question technique qui doit être tranchée en concertation entre le ministère de l'Intérieur et la commission indépendante. Nous demandons aux ministère de l'Intérieur de respecter le choix des partis», lance-t-il. Le responsable du MSP rappelle, dans la foulée, qu'«avant 1989 le système du bulletin unique était appliqué en Algérie». Ayant toujours pris partie en faveur de l'Exécutif, dont le premier responsable est secrétaire général du parti, le RND rejoint, sans surprise, la position du ministère de l'Intérieur. «Nous respectons les loi de la République. Nous sommes pour le système d'un bulletin pour chaque parti», déclare Miloud Chorfi, chargé de communication du RND. Dans sa réponse à la demande de la CNSEL, rappelons-le, Mohamed Talbi met en avant le risque d'annulation d'un nombre important de bulletins. «L'utilisation du bulletin unique à ce scrutin, proposée par la Commission nationale de surveillance des élections, pourrait mener à l'annulation de toutes les listes en cas de griffonnage», dit-il. Le responsable du ministère parle également de «l'impossibilité pour l'électeur d'exercer le droit au choix constitutionnel libre en raison de son incapacité à reconnaître les candidats». «Cela en plus de l'inadaptation de la forme du bulletin à cocher au mode de scrutin de liste proportionnelle et l'inadaptation de la forme du bulletin aux dimensions de l'enveloppe utilisée et à l'ouverture de l'urne transparente», ajoute-t-il.