Les incendies et les coupes du bois détruisent des centaines d'hectares de forêt chaque année. La superficie des forêts de la wilaya de Bouira rétrécit d'année en année laissant place à des terrains nus. Les services de la Conservation des forêts de Bouira ont recensé en 2011 plus de 260 ha de forêt partis en fumée, contre plus de 500 ha en 2010. Les grands incendies dévastateurs et le défrichement sauvage sont les deux principaux facteurs qui font que les forêts de la wilaya de Bouira agonisent en silence. En général, ce sont des habitants des localités avoisinantes de forêts qui s'adonnent à des défrichements. Leur but est de s'emparer de parcelles de terrain pour différents usages ou pour la régénération de pâturages. Les actes de pyromanie sont d'origines diverses, certes, mais la mafia du bois n'est pas à négliger. Ces abus ont conduit à une dégradation sans précédent des forêts du massif du Djurdjura. Dans la commune de El Mesdour, au sud de Bouira, une grande forêt de plus de 400 hectares a été réduite en cendre. Aussitôt, de nombreuses personnes ont accaparé les terrains rasés par les feux en les transformant en exploitations céréalières. Les pouvoirs publics sont au courant au sujet de ce dossier, mais les tentatives de récupérer les parcelles forestières des occupants illégaux n'ont pas donné de fruit. Dans la commune d'Ath Mansour, à l'est de la wilaya, 150 ha de forêt, essentiellement de pins d'Alep, ont été rasés, en 2011, à l'aide de lourdes machines par des particuliers. Un massacre à ciel ouvert. Les services de la protection des forêts sont arrivés en retard. Les postes de vigie censés surveiller les lieux pour faire face à toute atteinte, semblent ne pas fonctionner, ou n'existent plus. La plupart des agents de ces services ont déserté la zone durant les années du terrorisme. Pourtant les textes de loi relatifs à la protection des forêts ne manquent pas. L'article 17 de la Constitution stipulant que les ressources forestières sont protégées, et que la forêt est un bien de la collectivité nationale et de ce fait, elle relève de la propriété publique est éloquent. Comme le souligne aussi l'article 15 de la loi domaniale mettant en exergue le devoir des pouvoirs publics à développer le patrimoine forestier tout en le protégeant de toute atteinte. Mais sur le terrain, aucune application alors que les amendes sont minimes. Dans le cas du défrichement, le mis en cause écope tout juste d'une amende de 2000 DA. Pour l'année en cours, un plan feu a été adopté récemment par le wali. Les moyens mobilisés pour la lutte contre les feux de forêts ont été renforcés. Pas moins de 2929 éléments humains, entre agents professionnels, protection civile et ouvriers des APC sont prêts à intervenir en cas d'incendie. Les moyens matériels mis à leur disposition (252 camions-bennes et 79 camions citernes) semblent en deçà des besoins à même d'assurer la protection d'un aussi important patrimoine forestier (112 250 hectares). L'incendie du 14 juillet courant a anéanti une grande partie de la cédraie de Tikjda, mettant à nu la stratégie actuelle de ce secteur dans sa lutte contre les feux de forêts.