- Vous vous êtes dotés récemment d'une nouvelle logistique destinée à étendre la chaîne de production. Pouvez-vous nous parler de Général Emballage et de ses performances en matière de production ? Avec la mise en service d'un deuxième train onduleur (machine à fabriquer le carton, Ndlr) en début d'année, Général Emballage a doublé ses capacités opérationnelles pour les porter à 130 000 tonnes, un niveau qui correspond à près de 80% de la masse de carton ondulé consommée en Algérie en 2011. Parallèlement à ce nouvel équipement installé en notre site historique d'Akbou et pour harmoniser les flux et les cadences, nous avons aussi augmenté nos capacités de transformation, c'est-à-dire de fabrication de caisses et barquettes. Ainsi, nos unités de Sétif et Oran ont été dotées en nouveaux équipements (découpe, pliage, impression) de façon à les mettre au niveau du surcroît de production de plaques de carton induit par le deuxième train onduleur. Nous avons aussi effectué un investissement que je qualifierais de qualitatif. Depuis début juin, nous produisons à Akbou des emballages dits «High-graphics», une expression que nous pouvons traduire par haute résolution ou haute définition. Il s'agit d'un processing d'impression qui permet d'obtenir des ouvrages avec un saisissant effet visuel, un grand impact publicitaire. L'impression se fait directement sur carton, au contraire du procédé du contrecollé offset, où il s'agissait de réaliser au préalable un imprimé en offset qui est ensuite accolé au carton. Nous réussissons à obtenir un résultat égal avec un coût moindre. C'est une grande première en Algérie et d'ores et déjà certains opérateurs qui importaient ce type de prestations de l'étranger se sont tournés vers nous tandis que des clients, séduits par ces performances, ont demandé à mettre à niveau leurs emballages en escomptant une plus grande visibilité sur les étalages, le «High-graphics» étant un formidable véhicule de communication. Laissez-moi aussi ajouter que nous avons dû aussi investir dans de nouvelles presse-balles pour pouvoir récupérer les gâches et les réinscrire dans le recyclage, car nous nous faisons un point d'honneur de ce qu'aucun déchet d'usine ne se retrouve dans la nature.
- Les indicateurs financiers de 2011 incarnent-ils les performances de l'entreprise que vous venez d'évoquer ? Pouvez-vous nous en parler davantage ?
En 2011, notre chiffre d'affaires était de 4,28 milliards de dinars, en progression de plus 20% par rapport à l'exercice précédent, une tendance qui se reproduit d'ailleurs d'année en année depuis 2004 au moins. A l'export, nous avons réalisé un chiffre avoisinant le million d'euros, avec une croissance de pas moins de 110%. Ce rythme de croissance devrait se vérifier cette année encore où nous nous fixons un CA de 6 milliards de dinars avec 200 millions à l'export. Il arrive néanmoins que le résultat net n'épouse pas totalement ces performances, c'est le cas en 2011 où le service des emprunts bancaires a beaucoup pesé sur les résultats avec un investissement de 1,9 milliard de dinars.
- Comment voyez-vous le potentiel et l'avenir de l'industrie du papier en Algérie et comment vous situez-vous par rapport à la concurrence ?
Nous sommes leaders tant sur le segment de la production que sur celui de la transformation du carton ondulé et nous le sommes aussi par la qualité de nos produits qui se sont imposés, y compris hors de nos frontières, et par certaines offres exclusives, à l'instar de l'impression «Haute résolution» ou encore de la fabrication de certaines cannelures de très faible épaisseur. Une position que nous essayons de conforter davantage par des investissements dans la production et la valorisation du capital humain. Nous tablons sur la poursuite de la croissance du marché dans les années à venir, car il y a beaucoup d'investissements qui sont annoncés en Algérie sur le moyen terme. Nous tablons aussi sur les marchés extérieurs avec l'objectif d'exporter 25% de notre production sur une perspective quinquennale.
- Quels sont vos perspectives et vos projets à court et moyen termes ?
Nous allons engager un nouveau programme d'investissements productifs sur nos trois sites. Sétif devrait ainsi passer d'unité de transformation à celle de fabrication avec l'installation de notre troisième train onduleur. Cela portera nos capacités de production à près de 200 000 tonnes/an. Parallèlement, nos trois usines verront l'installation d'une nouvelle ligne de transformation afin de toujours harmoniser les flux. C'est un investissement de l'ordre de 1,2 milliard de dinars qui sera réceptionné à la fin de 2013. L'année 2013 sera aussi celle de l'entame des programmes de licence professionnelle en emballage, voire d'un Master professionnel, conformément à la convention de coopération que nous avons signée avec l'université de Béjaïa. Nous pensons ainsi étrenner un nouveau cap dans notre politique de valorisation des ressources humaines. L'année prochaine sera aussi celle des derniers réglages avant notre entrée en Bourse fixée à l'année suivante.
La question de l'environnement des affaires fait l'objet d'un assez large débat actuellement. D'une manière générale, nous sommes confrontés aussi aux lourdeurs bureaucratiques, à l'instabilité du cadre juridique, à la rareté du foncier industriel et subissons de plein fouet les effets de la conjoncture sociale. Nous avons aussi appelé à maintes reprises à une évolution de la loi sur la monnaie et le crédit de façon à permettre aux entreprises algériennes d'investir à l'étranger. Général Emballage a été privé de réelles opportunités d'exportation sur l'Europe parce qu'il n'a, semble-t-il, pas le droit d'investir dans un relais logistique offshore pour satisfaire l'exigence du travail à flux tendu mise en avant par la plupart des partenaires.