Rares sont les citoyens de Ain El Hammam qui se souviennent de la dernière opération de reboisement initiée dans la région. Ce ne sont, certainement pas, les quelques arbustes ornementaux que certaines associations distribuent sporadiquement pour enjoliver les devantures des administrations qui compenseront les pertes subies par l'environnement. Le déficit enregistré par nos forêts ne se comblera qu'au prix d'une opération d'envergure. Sur plus de dix kilomètres, les champs bordant la RN 15, reliant Ain El Hammam à Larbaâ Nath Irathen, donnent l'apparence d'un paysage lunaire. Vue de loin, toute la région n'est que désolation. L'herbe ne pousse pas encore dans les champs situés des deux côtés de la route, sur plus de dix kilomètres alors qu'habituellement tout est vert, en cette période. La multitude d'incendies qui surviennent chaque été ont fini par user la flore, cela sans parler des dommages causés à la faune. De ces terrains jadis recouverts d'un épais couvert végétal, il ne reste que de la rocaille et des troncs d'arbres calcinés que les riverains coupent pour se chauffer. Les forêts de chêne vert et de chêne liège qui s'étendaient d'Ait Sidi Ahmed à Larbaâ Nath Irathen et plus haut vers Aguemoun Izem ont disparu comme par enchantement, en l'espace de quelques années. Des arbres centenaires ont été la proie des flammes par la «grâce» de pyromanes qui récidivent à chaque saison estivale, sans que jamais ils ne soient inquiétés et encore moins arrêtés pour répondre de leurs actes. Les flans de collines parsemés de pierrailles ne sont plus que ravines. La vue, jadis obstruée par le feuillage dense des arbres, est maintenant dégagée et porte sur plusieurs kilomètres. Ce triste paysage en pleine région montagneuse ne semble déranger que les amoureux de la nature, dépités de voir que rien n'est entrepris pour remédier à la situation. La plupart des flans de collines sur la route de Takhoukht ont eux aussi perdu tous leurs oliviers. Des milliers d'arbres sont calcinés chaque année dans d'autres coins de la région, sans jamais être remplacés. Faute de préserver ce qui existe déjà, on devrait au moins songer à renouveler les forêts pour les générations futures car il faudrait des dizaines d'années pour que les plants deviennent adultes. La période actuelle est propice pour reboiser ces terrains nus et leur redonner un peu de couleurs.