Amnesty International a souligné hier que la résolution adoptée par le Conseil de sécurité de l'ONU sur le Sahara occidental «reconnaît la nécessité d'améliorer la situation des droits de l'homme» dans les territoires occupés, qualifiant le retrait par les Etats-Unis de sa proposition d'élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'homme d'«occasion manquée». «Le Conseil de sécurité a manqué une occasion unique de permettre au peuple du Sahara occidental de jouir de ses droits fondamentaux par la mise en place d'un instrument de surveillance international des droits de l'homme qui fait cruellement défaut dans la région», a déclaré le directeur d'Amnesty International pour le Moyen- Orient et l'Afrique du Nord, Philip Luther. Il a souligné, toutefois, que «malgré l'échec d'aujourd'hui, la résolution adoptée reconnaît la nécessité d'améliorer les droits de l'homme au Sahara occidental». «L'ONU encourage, aujourd'hui, les deux parties à travailler avec la communauté internationale pour développer et mettre en œuvre des mesures indépendantes et crédibles pour assurer le plein respect des droits de l'homme au Sahara occidental», s'est félicité ce responsable. Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté jeudi une résolution sur le Sahara occidental dans laquelle il a réitéré son appel à une «solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental», tout en soulignant «l'importance de l'amélioration de la situation des droits de l'homme» au Sahara occidental occupé. Le mandat de la Minurso au Sahara occidental est la seule mission de maintien de la paix dans le monde sans un mandat des droits de l'homme, a noté Amnesty International.
Un échec, mais… «La décision américaine d'élargir la mission de la Minurso aux droits de l'homme a été annulée après les protestations du gouvernement marocain», a souligné l'Organisation basée à Londres. Dans son dernier rapport au Conseil de sécurité, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a réitéré la nécessité de mettre en place un mécanisme «impartial et indépendant», pour le suivi global et durable de la situation des droits de l'homme au Sahara occidental «mais les autorités marocaines ont rejeté avec force la proposition américaine d'élargir le mandat de la Minurso», écrit l'ONG dans son rapport. Amnesty International est depuis longtemps préoccupée par les violations des droits de l'homme au Sahara occidental. La situation des droits de l'homme au Sahara occidental est «opaque», selon cette ONG qui a souligné l'absence d'observateurs indépendants des droits humains, «laissant les habitants vulnérables aux abus». Les rapports émanant de cette région font état d'«utilisation excessive» de la force contre les manifestants, d'«allégations de torture en détention» et des «restrictions» à la liberté d'expression, de réunion et d'association, a encore relevé Amnesty International. Inscrit depuis 1964 sur la liste des territoires non autonomes, et donc éligible à l'application de la résolution 1514 de l'Assemblée générale de l'ONU portant déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux, le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique, occupé depuis 1975 par le Maroc lequel est soutenu par la France.