Les disponibilités en termes d'aires de loisirs et de détente ne sont pas à la hauteur de la demande. Idem pour les tarifs appliqués dans les hôtels et les complexes touristiques. Le secrétaire d'Etat chargé du Tourisme, Mohamed Amine Hadj Saïd, ne manque pas de le souligner dans cet entretien. -Le développement du tourisme passe par la mise en place des structures d'accompagnement. Qu'en est–il justement des moyens de loisirs et de détente en Algérie ? Effectivement, le tourisme ce n'est pas uniquement l'hôtellerie. Quand on dit tourisme, beaucoup de gens pensent tout de suite à l'hôtel. Ce qui est faux. L'hôtel, de la même façon que le restaurant, le manège, ou le parc zoologique, sont des moyens à mettre en œuvre pour arriver à la fin à relancer le secteur du tourisme. Avec l'amélioration du niveau de vie des citoyens, ces derniers sont de plus en plus exigeants. Lorsque le niveau de vie s'améliore, il entraîne beaucoup de bonnes choses. C'est la spirale qui tire vers le haut. Par conséquent, on va continuer à être à être exigeants. -La demande est de plus en plus importante, mais ce n'est pas le cas pour l'offre … L'offre n'est certes pas disponible, mais elle est en train de venir progressivement. Il faut que ce soit la demande qui pousse à augmenter l'offre. Je m'explique, c'est le besoin qui va créer ces structures et ces organes. Ce besoin est là et ce n'est pas n'importe quel besoin. Aujourd'hui, qu'on se détrompe, les touristes veulent un minimum de confort, de bien-être et de détente. Pour cela, il faut sensibiliser et communiquer à outrance, mettre les activités touristiques, toutes catégories confondues ,entre les mains de professionnels et ne pas les concéder à des aventuriers. Ne pas aller vers le gain. En somme, et tout simplement, ne pas réitérer les erreurs du passé. Maintenant pour répondre plus directement à votre question, nous avons remarqué au cours de nos visites à travers les wilayas, que de plus en plus de parcs sont en train d'ouvrir. Je citerais à titre illustratif le parc animalier d'El Tarf. C'est quelque chose de magnifique, avec une fréquentation familiale de haute facture. Sachant qu'El Tarf est une wilaya balnéaire, les autorités locales ont compris que le tourisme ce n'est pas seulement l'hôtellerie, mais aussi les loisirs. Ce sont les loisirs qui ramènent les touristes. Quand on dit loisirs, on dit enfant, c'est pour cela que je dis que cette question est très importante. Et ce, d'autant que les loisirs permettent de diversifier l'offre touristique. C'est aussi une action marketing. Ma vision c'est qu'on ne peut pas développer le tourisme sans développer cette branche. C'est inévitable. -Quelles sont les actions prévues pour assurer la disponibilité des aires de détente ? Il faut le reconnaître, l'offre ne répond pas encore à la demande, et c'est tant mieux parce que nous voulons une offre digne de ce nom. Ce n'est pas parce qu'il y a la demande que nous allons bâcler le travail. D'autres parcs animaliers sont prévus, notamment à Jijel et c'est l'œuvre du même wali, celui qui était à El Tarf. Oran aussi est en train de connaître un développement dans ce cadre et d'avoir de plus en plus de structures de loisirs. A Alger, les aires de divertissements ne manquent pas. -Qu'en est-il des investissements engagés dans ce cadre ? Je ne peux pas répondre à cette question parce que ça ne relève pas uniquement du tourisme. Ce n'est pas de notre ressort. Par contre, je pourrais parler des investissements portant sur l'hôtellerie où nous avons plus de 800 projets agréés toutes catégories confondues. En termes de lits, nous en avons 82 000 qui sont agréés depuis 2008 dont plus de 50 000 en phase de réalisation avec un taux moyen d'avancement de 70%. Ils sont donc en voie d'achèvement. 12 000 seront réceptionnés avant la fin de 2013. -Qu'en est–il de la disponibilité pour cet été ? Pour cet été, nous avons une capacité aditionnelle par rapport à la précédente saison de 6000 lits, soit au total 58 000 lits contre 52 000 en 2012. Nous avons donc 148 000 lits, toutes catégories confondues, au niveau des 14 wilayas balnéaires. Sur ce chiffre, nous avons 90 000 lits en terrain de campings, en centre de loisirs et de vacances et en auberges de jeunes. Les auberges ont, pour être exact, 10 000 lits qui sont à plus de 60% dans de très bonnes conditions. -Dans quelles conditions commence justement la saison estivale ? Je ferai le point sur cette saison sous toute réserve parce qu'on est encore au début. Je ne voudrais pas être comme on dit «l'arbre qui cache la forêt». Pour les wilayas balnéaires que j'ai visitées et selon les échos, la qualité est au rendez-vous. Donc, tout porte à croire qu'il y a une amélioration de la qualité par rapport à la saison précédente. Maintenant le hard n'est pas au rendez-vous par rapport au soft. L'estivant algérien tourne la tête à gauche et à droite, mais il ne trouve pas ce qu'il veut. C'est vrai qu'il y a une prise de conscience, mais beaucoup reste à faire. Nous essayerons à partir de la saison prochaine de mettre à sa disposition ces structures mais attention en léger, en démontable en réversible rien en béton, rien en définitif et permanent. C'est-à-dire les espaces de loisirs seront en toile. Répondre aux besoins des estivants ne veut pas dire qu'on va bétonner. On doit préserver notre beau littoral. Il s'agit de trouver des solutions qui allient confort, loisir et protection de l'environnement. On ne doit pas sacrifier l'un au détriment de l'autre. On n'a pas le droit parce que la terre ne nous appartient pas. Elle nous est prêtée par nos enfants. Nous devons nous intégrer dans une dynamique de développement durable. On n'a pas le choix. Les pays qui ont bétonné sont en train de se mordre les doigts. La tendance a changé. Nous avons un pays en friche, on peut fabriquer l'industrie touristique sans altérer l'environnement -Et pour le montant des investissements engagés dans l'hôtellerie Je préfère calculer selon les normes. Un lit revient entre 2 et 6 millions de dinars. Tout dépend de la gamme qu'on veut impulser à ce lit. En prenant la moyenne de 3 millions de dinars par lit, ça tourne autour de 240 milliards de dinars en montant d'investissements privés. Pour l'investissement public, ce sont 70 milliards de dinars pour la modernisation, la restauration et la réhabilitation de 63 établissements hôteliers publics du portefeuille de Gestour. -Qu'en est–il des infrastructures destinées aux couches moyennes puisque les tarifs appliqués dans les hôtels ne sont pas à la portée de toutes les bourses ? Justement, parmi les 82 000 lits, une catégorie est destinée aux couches moyennes. Il faut le reconnaître, les tarifs ne sont pas à la portée de tous les citoyens. On n'a pas cessé de le clamer. L'objectif du ministère du Tourisme est d'arriver à imposer une loi du marché via la concurrence. Cette dernière viendra lorsqu'on aura le choix. Si par exemple Sétif est une bonne wilaya en termes de tarifs, ce n'est pas le cas d'autres régions comme Sidi Bel Abbès. Il n' y a pas de choix. Etant sûrs d'avoir le monopole, les propriétaires d'hôtels appliquent les tarifs qu'ils veulent. A ce titre, c'est le citoyen à bourse moyenne qui est pénalisé. -Vous axez également votre programme sur la formule «séjour chez l'habitant…» C'est une formule qui est appliquée dans certaines régions, comme Taghit» où la population locale est toute faite pour cette formule. Dans le balnéaire, cette formule marche très bien. -Mais c'est dans un cadre informel… C'est sur cette question que nous travaillons actuellement, c'est-à-dire comment transformer l'informel en légal. Ceux qui louent sans aviser les autorités locales et si par malheur un accident survient, ils vont être responsables pénalement. Cette formule séjour chez l'habitant leur donne les garanties nécessaires. Elle existe déjà. On est venus la réglementer et la baliser. C'est un travail de longue haleine et de sensibilisation à faire. Je dirais aussi avec beaucoup d'optimisme que c'est une formule qui est en train de faire son petit bonhomme de chemin. Il y a une circulaire interministérielle signée entre les ministres de l'Intérieur et du Tourisme, qui fait ressortir les conditions d'accès. A charge pour ceux qui louent leur maison illégalement de s'inscrire dans cette circulaire. Maintenant, il faut de la sensibilisation. Ce sont les impôts qui font fuir les gens de cette circulaire. Mais ils ne se rendent pas compte des avantages qu'ils peuvent en tirer. -Où en est le projet de loi régissant les agences de voyages ? Le projet de loi n'est pas finalisé à 100% Je peux vous dire que c'est un projet qui prévoit un allègement de l'accès à l'activité d'agent de voyage sans toutefois hypothéquer le professionnalisme et la professionnalisation toute indiquée à cette branche d'activité. Nous allégeons, oui.Mais on ne permet pas de jouer avec le professionnalisme, avec le confort du touriste et sa sécurité. En finalité, il y aura beaucoup d'allègements, beaucoup de pièces en moins. Nous allons tâcher de faire adhérer à la profession les universitaires en leur imposant un certain nombre d'années d'expérience dans le domaine du tourisme s'ils ne sont pas titulaires de diplômes dans ce secteur. Nous voulons aussi encourager les agences de voyage qui font du réceptif et du domestique au détriment de celles qui font de l'émission pour promouvoir la destination Algérie. Car, le plus difficile c'est de ramener le touriste vers l'Algérie et non pas de vendre le produit des autres.