La décision double, en fait, du président américain sur le dossier syrien, annoncée samedi, a suscité de nombreuses réactions, celles des protagonistes du conflit étant, bien entendu, les principales. Barack Obama avait, en effet, décidé de différer sa décision quant à une intervention contre le régime syrien, à la suite de l'usage d'armes chimiques, mais aussi d'aller au-devant du Congrès des Etats-Unis, avant de prendre une décision qui ne fait pas l'unanimité, loin de là, aux Etats-Unis. C'est certainement la première fois que le régime syrien s'adresse au Congrès américain, l'appelant à ne pas donner son feu vert à l'action militaire envisagée par l'Administration US. Il lui demande de «montrer sa sagesse», en soulignant que «les allégations (américaines) sur l'utilisation par la Syrie d'armes chimiques n'ont aucun fondement». Le haut responsable syrien, auteur de cet appel, affirme même que «des armes chimiques ont été utilisées par Al Qaîda et ceux qui sont à sa solde grâce à ce qu'offrent la Turquie, l'Arabie Saoudite et d'autres pays à ces terroristes». La Syrie a déjà mis en cause un large réseau international, qu'il a qualifié de «terroriste», et souligné que la Syrie se défendait et rien d'autre. Ce sont aussi des impressions que le vice-ministre ne s'est pas privé d'affirmer. Aussi a-t-il dit, le président Obama était «hésitant et confus» dans son discours de samedi, considérant que «personne, que ce soit le président des Etats-Unis ou tout autre Président, ne peut justifier une agression injustifiable». Bien entendu, il se garde de dire que M. Obama a renoncé à son projet de lancer des frappes sur la Syrie. Même choix de l'opposition syrienne appelant, elle aussi, les élus américains à «faire le bon choix» qui consiste, cette fois, à autoriser une frappe. La Coalition de l'opposition syrienne appelle les élus américains à «soutenir les efforts de l'Administration pour stopper la machine de mort d'Al Assad». Quel autre argument utiliser alors, sinon celui qui sensibiliserait le mieux les membres du Congrès que la satisfaction qu'en tireraient tous les dictateurs du monde entier ? Ou encore celui d'être sûre que l'accusation de l'usage d'armes chimiques par le régime de Bachar El Assad ne fait pas l'ombre d'un doute. Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a, en effet, assuré hier que les Etats-Unis avaient reçu et analysé des échantillons prouvant l'utilisation de gaz sarin dans l'attaque chimique du 21 août, attribuée par Washington au régime Al Assad. Quelle sera alors la réaction de l'institution des Etats-Unis ? Autorisera-t-elle des frappes sur la Syrie ? John Kerry assure être confiant : et si, en fin de compte, le non l'emportait ? «Le Président a l'autorité d'agir, mais le Congrès fera ce qu'il faut ici», a alors répondu M. Kerry. Le discours peut paraître clair pour les uns, mais en aucun cas pour d'autres, s'agissant clairement d'un feu vert sollicité par M. Obama. En ce sens, et même en l'absence des conclusions de la mission d'enquête, le dossier soumis à la Chambre américaine serait conséquent, selon M. Kerry. «Nous savons d'où est venue cette attaque. Nous savons exactement où elle s'est produite. Nous savons exactement ce qui s'est passé après», a-t-il souligné en ce sens. Damas récuse de telles accusations. La Russie en a fait autant. En attendant, la mission d'enquête poursuit son travail, qu'elle sait délicat. Qu'en sortira-t-il ?