Dans le souci de mettre de l'ordre dans la filière des viandes rouges en Algérie, mais surtout de barrer la route aux spéculateurs, aux intermédiaires et autres étrangers à la profession, à l'origine des fluctuations et hausses des prix, les pouvoirs publics en charge du secteur de l'agriculture et de l'élevage comptent instaurer une nouvelle organisation par «l'émergence d'un conseil interprofessionnel». Jeudi, lors d'une rencontre ayant regroupé des éleveurs (ovins, bovins, caprins, camelins et équins), des représentants de la profession, de l'interprofession et des structures relevant du secteur de l'agriculture, le ministre de tutelle, Rachid Benaïssa, a indiqué que son département «est en phase de recherche du meilleur moyen d'organisation de la filière des viandes rouges pour parvenir bientôt à la création d'un conseil interprofessionnel, à l'instar de ce qui est réalisé dans les filières avicoles et céréalières». Et de préciser que «cette nouvelle structure regroupera aussi bien les éleveurs que des représentants de la profession et des structures relevant du secteur de l'agriculture». Pour le ministère en charge du secteur, compte tenu de l'importance que revêt cette filière, somme toute stratégique, il est, aujourd'hui, indispensable de renforcer son organisation interprofessionnelle, avec la participation effective et efficace de l'ensemble des maillons qui la constituent. L'objectif étant de parvenir au développement de cette filière, cette organisation doit moderniser «les différents segments du secteur», améliorer «les savoirs et savoir-faire de l'ensemble de la ressource humaine chargée de l'encadrement et de l'appui technique», assurer l'insertion organisée dans l'approvisionnement des marchés, une meilleure gestion de l'environnement (approvisionnement en intrants, proximité avec la banque, les assurances, l'encadrement technique, etc.) et l'amélioration des performances techniques et économiques des acteurs des différents maillons à travers «la maîtrise des coûts de production, la rationalisation de l'utilisation des moyens et facteurs de production». Il faut dire, cependant, que l'instauration d'une nouvelle organisation de la filière dépend aussi de la mise en œuvre des projets d'infrastructures prévus pour la prise en charge des activités d'abattage. Selon le directeur général de l'Office national interprofessionnel des légumes et viandes, Sahraoui Benallal, le processus de modernisation du secteur des viandes rouges est intimement lié à la finalisation des travaux de réalisation des complexes d'abattage pris en charge par la SGP Productions animales (Proda). «Nous attendons que Proda finalise la réalisation de trois nouveaux complexes d'abattage et la réhabilitation des installations situées à Annaba pour instaurer l'organisation devant protéger les intérêts des éleveurs et les droits des consommateurs», nous a-t-il assuré il y a quelques jours. «Ces nouvelles structures produiront plus de 500 000 quintaux annuellement et auront certainement un impact sur le marché local des viandes rouges», a ajouté notre interlocuteur. Il faut savoir, par ailleurs, que la production nationale de viandes rouges connaît, ces dernières années, un essor appréciable. La production a ainsi fait un bond quantitatif important, traduit par une hausse de la production qui est passée de 3,7 millions de quintaux en 2010 à 4,2 millions de quintaux en 2011 pour atteindre 4,4 millions de quintaux en 2012. Pour les trois trimestres de la campagne agricole 2012-2013 (soit d'octobre 2012 à juin 213), la production de viandes rouges a atteint 3,4 millions de quintaux, dont 20% ont été réalisés par les wilayas de Djelfa, Batna et El Bayadh. Il n'en demeure pas moins que les prix à la consommation demeurent presque inabordables. Selon les explication du ministère, «les consommateurs achètent leur viande locale de plus en plus cher en raison de l'amélioration du pouvoir d'achat qui a évolué plus vite que les niveaux de production». «L'importation, rendue incontournable pour combler le différentiel entre la production et la consommation, a, elle aussi, progressé tout en restant dans des proportions quelque peu marginales par rapport à la production nationale, soit autour de 15%.» L'Algérie a importé, en 2010, 574 780 quintaux de viandes rouges, dont 42 650 de viande fraîche. Après un recul de près de 100 000 quintaux en 2011, les importations ont bondi à 717 570 quintaux l'année dernière. En 2012, une inversion de la tendance a été constatée puisque la viande fraîche a représenté une forte proportion avec 586 990 quintaux à l'importation. Cela confirme le mode de consommation des Algériens qui, de plus en plus, évitent les viandes congelées.