Ce n'est pas une gageure, mais un devoir à accomplir le plus vite possible : sauver ces familles en danger de mort et sauvegarder ce patrimoine qui est l'identité même de la ville. Depuis une dizaine d'années, les vieilles bâtisses dans la vieille ville, notamment dans le quartier Souika, séparé en deux par la rue Mellah Slimane, ne cessent de connaître une sérieuse dégradation. Une situation qui a été accélérée par la vague des démolitions entamées en février 2005. Un fait confirmé par les urbanistes et dont les conséquences sont encore perceptibles à ce jour. Dans ces maisons menacées, des familles nombreuses continuent d'y vivre. Selon une étude réalisée à Constantine par un bureau spécialisé, présentée en 2012, lors d'une rencontre sur la stratégie retenue pour la réhabilitation de la vieille ville, l'on saura que 136 habitations menaçant ruine demeurent toujours occupées, ceci sans parler des commerces se trouvant à proximité. «Cette situation dure depuis plusieurs années, les fissures des murs extérieurs sont devenues importantes, alors que les toitures laissent passer les eaux de pluie ; nous vivons la peur au ventre, notamment durant l'hiver, où l'effondrement peut survenir à n'importe quel moment», nous dira un habitant du quartier d'Essayeda, traversé par la rue Abdellah Bey. Notre interlocuteur qui nous sert de guide nous invite à être témoin d'un cas insolite. Il s'agit de la maison dite Dar Bendali, devenue par la suite Dar Benbakir, plus connue actuellement par Dar El Mezabi, dont l'accès se trouve à l'impasse située à quelques pas de la mosquée Sidi Moghrof. «La construction à l'architecture arabo-mauresque a fait l'objet d'une opération de réhabilitation entamée en 2008, mais qui semble prendre beaucoup de temps. Selon les témoignages de ceux qui connaissent bien les lieux, la dégradation qui a touché cette maison a atteint un degré où toute tentative de réhabilitation est devenue délicate», nous dira notre guide. «La maison a subi les conséquences des infiltrations des eaux souterraines avant 2005 au point où des parties entières du sol se sont détachées; malgré tous nos appels à l'époque en direction des autorités pour sauver les lieux, nous n'avons eu aucune réponse», affirme un habitant du quartier d'Essayeda. Des effondrements fréquents Le plus grave est que cette bâtisse a vu l'effondrement d'une partie de sa façade du côté de la rue Abdellah Bey, alors que les échafaudages sont encore sur place. «Même les autres parties de la maison sont menacées, et cela risque de faire l'effet de dominos pour les maisons avoisinantes», nous indique un riverain qui nous invite à faire un tour du côté de la rue Cirta située juste à proximité, où l'on peut voir qu'un mur entier est supporté à l'aide de grands madriers. «C'est l'envers du décor», nous dira un riverain. «Comment voulez-vous que des familles entières continuent de vivre ici sous la menace et continuer d'attendre un relogement qui tarde à venir, malgré les victimes enregistrées ces deux dernières années», poursuit-il. Ce décor est demeuré inchangé depuis des années dans les ruelles de la vieille ville. Les multiples rapports des services de la Protection civile, révélés suite aux multiples opérations de reconnaissance menées surtout suite aux intempéries, affirment que la situation a atteint un seuil critique. Des maisons continuent de hanter le quotidien des habitants à la rue Bekhouche Abdesslam (ex-Bedot), située au fameux Sabat El Bouchaibi, mais aussi à la rue des Cousins Kerouaz, dite Zenkat Lamamra, à la rue Benzgoutta, à Zenket El Mesk, Sidi Bzar, Echat, Sidi Abdelmoumene et dans d'autres sites comme Sidi Djeliss et Rahbet Essouf. Pour les comités de quartiers de ces lieux, la seule solution pour mettre fin au calvaire de ces dizaines de familles est de procéder à leur relogement ,surtout que ces dernières ont été déjà recensées et se sont vues remettre les bons d'affectation. Mais l'attente a trop duré.