La générale de Ana El Yatim a été présentée, samedi dernier, au Théâtre national d'Alger. C'est parce qu'il est marginalisé, voire inexistant par la société algérienne que la thématique de l'orphelin a fait l'objet d'une pièce théâtrale. Ils sont venus en force pour assister à cette pièce placée sous le signe de la solidarité. C'est en effet à l'initiative de l'organisme caritatif Lion Club Algérie que de nombreuses familles accompagnées de leurs enfants se sont retrouvées, le temps d'un après-midi artistique, pour témoigner de leur soutien à ces milliers d'enfants orphelins. L'entrée, fixée à 300 da, permettra de venir en aide à ces enfants démunis. C'est du moins ce que nous a indiqué la présidente du Club Citadin, Nora Mostefaï. «La totalité de la recette récoltée ira au profit des orphelins. Ce n'est pas notre première action du genre. Nous comptons plusieurs initiatives de ce genre. Notre but est d'atténuer un tant soit peu la douleur de ces enfants.» Cet après-midi artistique a été étrenné par la générale de la pièce théâtrale Ana El Yatim, écrite par les cinq membres des clubs Carpediem, Talira, Phenix, Citadin et Rainbow. La mise en scène a été confiée à Nabila Hocine. Le rideau se lève sur un décor des plus simples. Un semblant de chambre se laisse deviner. Au centre est installé un lit sur lequel est allongée une femme en phase d'accouchement. Sa belle-mère et sa belle-sœur l'accompagnent dans cette dure épreuve. La scène se situe à l'orée des années 1990. Le terrorisme battait son plein. Meriem est enceinte de huit mois. Les premières contractions ont commencé en pleine nuit, alors que le pays est sous couvre-feu. Ne pouvant se rendre à l'hôpital, l'époux de Meriem sollicite les prestations d'une vieille dame pour mettre au monde l'enfant. Adam naîtra sous des youyous stridents. Il sera choyé par sa famille. A la fin de l'année 1994, alors que l'enfant est âgé de quatre ans, ses parents décident de le baptiser en organisant une grandiose cérémonie. A défaut d'être un événement heureux, une descente terroriste abat les convives et les parents d'Adam. L'enfant est épargné par miracle. Il se retrouve, ainsi, seul livré vers l'inconnu. Quelques mois plus tard, il est accueilli par une famille de bourgeois. Il deviendra l'esclave de la maison. Excédé par les remarques désobligeantes de la femme et de son mari, Adam s'enfuit alors qu'il vient à peine de boucler ses quinze ans. Il doit alors faire face seul à son destin. Il fait la manche, en implorant les gens de l'aider. Si au départ personne ne fait attention à lui, une âme charitable finira par s'apitoyer sur son sort. Elle lui offre des repas et l'inscrit dans une école. Adam réussira à décrocher un diplôme avec brio. La morale de la pièce El Yatim repose sur la maxime suivante : «Une main tendue peut changer le cours de toute une vie.» Cette pièce théâtrale présentée en arabe dialectal avec des interventions en langue française de la narratrice est chargée d'émotion et de messages. Il est à noter que dans le cadre de cet hommage dédié à l'orphelin, le chanteur Hakim Salhi a entonné le tube El Yatim et un danseur du Ballet national a offert une performance chorégraphique des plus époustouflantes.