Au sixième jour de la campagne électorale pour la présidentielle du 17 avril, l'unique candidate, Louisa Hanoune, était hier à M'sila et Bordj Bou Arréridj. Bordj Bou Arréridj De notre envoyée spéciale Dans une salle archicomble, Mme Hanoune a promis, si elle est élue, de poursuivre en justice tous les responsables ayant contribué à la destruction du tissu économique et à la dilapidation des deniers publics, à leur tête Chakib Khelil. Elle qualifie cet ancien ministre de l'Energie de «grand traître» et de «maître de la corruption». «J'ai l'audace, si vous m'en déléguez, d'actionner la justice et de poursuivre Chakib Khelil pour sa trahison. Il répondra devant le grand jury de plusieurs actes, notamment la corruption et la destruction des institutions étatiques», promet Mme Hanoune. Elle dénonce, dans ce sillage, la mainmise d'une mafia dont «l'argent sale» a investi la vie politique et exhorte l'assistance à demander des comptes à tous ceux qui ont dirigé le pays et ont failli dans leur mission. «Un jour, chacun devra rendre des comptes. Le peuple algérien a le droit de demander des comptes au gouvernement, et ce, en l'absence d'instruments de contrôle. Il a le droit d'interrompre le mandat du Président s'il ne tient pas ses promesses et s'il mène le pays à la dérive. Je m'appuie sur votre conscience et votre responsabilité», lance la dirigeante du PT. Face à ses militants de Bordj Bou Arréridj, Mme Hanoune explique qu'elle ne mène pas campagne pour vendre de fausses promesses comme le font certains candidats qui ont déjà goûté au pouvoir. «Si vous votez pour la candidate choisie par le PT, j'oserai faire revenir les 200 milliards de dollars de réserves de change se trouvant à l'étranger», a-t-elle promis, avant de rappeler, comme dans chaque meeting, sa «détermination d'en finir avec le système du parti unique». Pour en découdre avec le phénomène de la discrimination entre les pauvres et les riches, la patronne du PT envisage l'instauration d'un «impôt sur la richesse» dans le cadre d'une politique fiscale revisitée et la confiscation de tous les «biens mal acquis», ainsi que «l'institutionnalisation» de tous les outils permettant une redynamisation de tous les secteurs. Elle a évoqué, plus particulièrement, celui de l'agriculture, afin, a-t-elle expliqué, d'assurer la sécurité alimentaire des Algériens, de redonner sa «dignité» au fellah et de garantir le soutien financier nécessaire à ce dernier. Mme Hanoune s'engage également à revoir les réformes des secteurs de la santé, de l'éducation et de l'enseignement supérieur : «Ces secteurs se trouvent dans une situation lamentable. Nos hôpitaux sont devenus des mouroirs. Le système LMD a achevé le secteur de l'enseignement supérieur. L'échelle des priorités a changé et ces secteurs nécessitent, dans l'urgence, une refonte globale.» Mme Hanoune promet, si elle est élue, de développer les spécificités de la wilaya de Bordj à travers la mise en place d'une industrie de transformation, la réouverture des entreprises fermées afin de résorber le chômage et de préserver la production nationale. La leader du PT est revenue, comme la veille à Blida et hier matin à M'sila, sur les objectifs réels de la visite du ministre américain des Affaires étrangères, John Kerry, ainsi que celle de l'émir du Qatar, Tamim Ben Hamad, dans notre pays en cette période électorale qui se déroule dans un contexte particulier. A l'adresse des Américains et du Qatar, la dirigeante du PT fait remarquer que l'Algérie n'a pas attendu le Printemps arabe et la révolution Orange pour faire sa révolution. Elle a rappelé les luttes menées par le peuple algérien en vue de recouvrer sa souveraineté et son indépendance, ainsi que celles engagées contre le terrorisme et celles visant à instaurer la «démocratie». «Vous devez barrer la route, le 17 avril, aux aventuriers qui donnent des garanties à Kerry et au Qatar, en votant pour le candidat crédible», précise Mme Hanoune.