A Zaouiet Sidi Moussa, localité rattachée à la commune de Bordj Omar Driss, 700 km au nord d'Illizi, vit Mohiédine Blal, âgé de 20 ans, souffrant d'un handicap physique et n'ayant bénéficié d'aucun diagnostic médical spécialisé depuis son enfance à cause de l'inexistence pure et simple d'une prise en charge institutionnelle des personnes aux besoins spécifiques dans cette commune ! En fait, la commune de Bordj Omar Driss ne dispose pas d'un centre médical et psychopédagogique (CMPP) et moins encore d'un Centre d'aide par le travail (CAT), deux établissements qui ont pour objectif d'améliorer les conditions de prise en charge de la psychopédagogie des enfants et adolescents présentant des déficiences intellectuelles ou des inadaptés. Ceci accentue davantage la souffrance de cette frange de la société. Mohiédine et ses proches ne sont pas les seuls à subir les conséquences de ce manque drastique d'infrastructures publiques spécialisées et d'autres commodités nécessaires à l'amélioration des conditions de vie, de santé, d'habitat et de scolarisation. En effet, nombreuses sont les personnes à capacité réduite qui sont des laissés-pour-compte dans cette commune. Assis sur son fauteuil roulant, le jeune Mohiédine nous dira : «Je veux un fauteuil roulant électrique pour que je puisse me déplacer en toute liberté sans être assisté ; j'avais deux fauteuils roulants fournis par la DAS qui ont été cassés par les enfants chargés de m'assister.» Et d'ajouter : «Nous voulons des centres de loisirs et des écoles de formation spécialisées pour les personnes aux besoins spécifiques, j'ai abandonné les bancs de l'école à partir de la quatrième primaire.» S'agissant d'une prise en charge réelle des besoins de cette frange de la société en moyens d'insertion sociale pour une participation effective à la vie sociale, économique, culturelle et afin de concrétiser les fameux objectifs prévus par l'article 3 de la loi 02-09 du 08 mai 2002 relative à la protection et à la promotion des personnes handicapées, une conjugaison d'efforts entre toutes les structures étatiques, à savoir la Direction de l'action sociale et de la solidarité (DAS), l'Office national d'appareillages et d'accessoires pour personnes handicapées (ONAAPH), le Conseil national des personnes handicapées, ainsi que toutes les structures chargées des handicapés est plus que nécessaire pour préserver les droits de cette couche vulnérable de la société dans cette région reculée de l'extrême-sud. En attendant, ce sont les handicapés de la commune de Bordj Omar Driss qui continuent de subir les affres du handicap en silence et d'espérer chaque jour un changement meilleur de leurs conditions de vie.