A la traîne du peloton national, les wilayas du sud-est ne veulent plus faire partie des laissés-pour-compte. A Ouargla, Ghardaïa comme à Illizi, les autorités locales ont réitéré leur détermination à tout faire pour rétablir la normalité et rehausser les résultats du baccalauréat dans ces wilayas. Ouargla donne l'exemple en proclamant l'année 2014 celle de l'Education nationale. Beaucoup d'efforts ont été consentis pour améliorer les conditions de l'enseignement général, beaucoup d'efforts restent à faire notamment ceux de faire accepter par la tutelle la réalité climatique pour la rentrée et la clôture de l'année scolaire, la formation des encadreurs dans les matières déficitaires comme les mathématiques et les langues étrangères et enfin le leurre des logements du sud destinés aux enseignants venus d'autres wilayas. Une réalité valable partout dans le sud à différents degrés. A Ghardaïa, l'heure tant redoutée est arrivée puisqu'en dépit de toutes les contestations, les manifs et les sit-in organisés ici et là par les candidats au baccalauréat, la direction de l'éducation de la wilaya soutient mordicus que toutes les conditions sont remplies pour un examen idoine et que tous les sujets porteront sur des cours largement suivis par les potaches. A Illizi, on ne se fait pas d'illusion : l'année 2014 ne sera pas celle du changement mais on y espère tout de même prendre de l'élan et quitter la fin de peloton national lors des résultats du baccalauréat. Revenir à la normalité afin de devenir des wilayas aux résultats approchant la moyenne nationale, tel est le vœu de ces trois wilayas où la session Bac 2014/2015 sera aussi celle du grand défi, celui d'atteindre des résultats ouvrant droit à l'inscription des premiers étudiants en sciences biomédicales à la nouvelle faculté de médecine de Ouargla. Une faculté au rayonnement régional pour l'ensemble des wilayas du sud-est et qui affiche une capacité de 150 étudiants pour la première année. 3000 policiers, 6 hélicoptères pour assurer la sécurité des candidats à Ghardaïa Le lycée Aflah et le technicum ont été visités par la délégation qui a dû, pour y arriver, passer devant des centaines de policiers et des dizaines de car de transport de troupes stationnés sur les bords de la route. C'est dire que la sécurité est prise très au sérieux et pratiquement rien n'est laissé au hasard. Ainsi, à Béni Izguène et Mélika, des candidats devant passer l'examen au Lycée de Sidi Abbaz ont été transportés par bus sous escorte de la police et de la gendarmerie. Pour le retour chez eux en fin d'après-midi, ils seront ramenés de la même manière. ce dispositif restera en vigueur tout au long des 5 jours que dureront les épreuves. À titre de rappel, pas moins de 9185 candidats, dont 3215 filles de la wilaya de Ghardaïa, auront à plancher sur leurs sujets tout au long de ces cinq jours. Parmi eux, 2906 candidats, dont 1124 filles, se présenteront en candidats libres. Répartis sur 32 centres d'examen, les 9185 candidats seront encadrés par 2007 encadreurs et 222 observateurs, généralement des cadres du secteur venant des autres wilayas du pays et qui veilleront au niveau de tous les centres au bon déroulement et la bonne régularité des conditions de travail. Pendant les événements de violence, beaucoup d'infrastructures pédagogiques, dont des Lycées, ont été le théâtre de violences physiques et verbales ces derniers mois. Plusieurs d'entre elles ont fait les frais de la violence des émeutiers qui les ont pillées, saccagées et pour certaines incendiées. L'absence de transport et le manque de sécurité ont accentué la désertion des établissements par les élèves. Beaucoup d'enseignants se sentant menacés dans leur intégrité physique ont alors désertés leurs établissements. Malgré les sit-in et les mouvements de protestation pour décider d'un seuil spécial pour la région, le ministère de l'éducation a maintenu le seuil décidé pour tout le territoire national, cédant simplement sur le changement de certains lieux d'examens à la demande des candidats. Ouargla veut relever le défi Températures plutôt clémentes, établissements climatisés et dotés de fontaines fraîches et de citernes d'eau, les 49 centres d'examens de la wilaya de Ouargla montraient des signes plutôt réconfortants en ce début de la session du baccalauréat où quelque 13 511 candidats inscrits devront passer des épreuves jusqu'à jeudi. La cérémonie d'ouverture des premiers plis de sujets a été symboliquement organisée au nouveau lycée d'El Ksar pour souligner toute la portée que revêt cet établissement. Ce centre d'examen, promu centre de correction des épreuves à la wilaya de Ouargla, verra donc le rétablissement historique du centre de correction des épreuves transféré depuis 2009 à Djelfa. Un juste retour à la «normale» puisque ce centre accueillera du 12 au 30 juin courant les 492 correcteurs affectés à cette opération qui durera 19 jours. Pour rappel, la wilaya de Ouargla a perdu, voici 5 ans, son centre de correction aménagé au lycée Ali Mellah, et ce suite aux requêtes et réserves émises par les correcteurs en 2009. Ces derniers avaient alors dénoncé l'absence des conditions minimales de vie décente et de restauration dans ce centre en plus de la non perception des indemnités journalières et autres frais de correction. Un scandale qui a valu à la capitale des Oasis cinq longues années de privation perçues comme une gifle au secteur de l'éducation de la wilaya de Ouargla qui souffre de grands dysfonctionnements, notamment pour ce qui est de la situation des écoles primaires, l'instabilité de l'encadrement pédagogique due au mouvement de mutation incessant, une certaine tendance à l'absentéisme et aux congés de maladies et le retard de réalisation des nouveaux projets appelés à réduire la surcharge dans les classes. Au premier jour du déroulement de l'examen du baccalauréat de la session 2014, les 730 candidats au bac, dont 198 candidats libres, ont été agréablement reçus au niveau des six centres réquisitionnés pour la circonstance. Le coup d'envoi officiel des examens a été donné par Ali Madoui, wali d'Illizi, au centre Mohamed Bilal, au chef-lieu de la wilaya, en présence des autorités civile et militaire. Pas moins de 284 encadreurs, entre chefs de centre, observateurs et surveillants ont été mobilisés à cet effet. Le nombre de candidats scolarisés compte 532, dont 313 filles. Selon Mohamed Megharbi, ex-chef du service des études et examens, «la réalité de scolarisation des enfants dans cette vaste wilaya de l'extrême sud est extrêmement compliquée vu la faiblesse des moyens d'encadrement et la qualité des infrastructures éducatives existantes, laquelle est loin d'être aux normes de l'éducation». Et d'ajouter : «L'inexistence d'établissement scolaire au profit des élèves nomades de cette wilaya constitue aussi un véritable problème qui préoccupe leurs parents. D'ailleurs, les jeunes filles ont pratiquement interdiction de poursuivre leurs études à cause de l'éloignement.» A signaler aussi, poursuit notre interlocuteur, «l'insuffisance de la maîtrise, voire l'inexistence d'entreprises digne de ce nom pour la réalisation des différents projets sectoriels retenus». M. Magherbi a ainsi relevé dans ce cadre le déficit dans la prise en charge des enseignants, lequel est l'un des problèmes majeurs qui méritent de faire l'objet d'un intérêt particulier. De ce fait, le secteur de l'enseignement devra être revalorisé par des mesures incitatives en faveur des enseignants, sans pour autant oublier la responsabilité de ces derniers à cause de leurs grèves répétitives. «C'est leur droit de faire grève. Mais c'est le droit des élèves et de leurs parents de voir les enseignants rattraper les cours perdus. Aussi, l'absentéisme, signalé à plusieurs reprises, porte atteinte au déroulement des cours et au suivi du programme», a-t-il déclaré. A souligner que le futur centre universitaire de la wilaya d'Illizi, avec trois filières généralistes des sciences humaines, ouvrira ses portes l'année prochaine sans bibliothèque, conclut M. Megharbi.