Hospitalisé en urgence au CHU Damerdji Tidjani de Tlemcen, jeudi dernier en début d'après-midi, Benamar Mohamed Benhmed, résidant à Sebra (30 km du chef-lieu de wilaya), est dans un état stationnaire. Hier, nous nous sommes rendus au service des maladies infectieuses, où le patient, policier à la retraite, âgé de 59 ans, est mis en quarantaine. Il était difficile d'arracher un traître mot aux soignants qui, semble-t-il, avaient reçu l'ordre de ne laisser filtrer aucune information sur ce cas. Même ses proches, dont sa mère qui l'avait accompagné à la omra, n'ont pas le droit d'approcher le malade. Agglutinée derrière une fenêtre grillagée, sa famille attendait un éventuel geste humanitaire de la part du corps médical consistant à la rassurer. «Nous sommes rentrés d'Arabie Saoudite, il y a une dizaine de jours. Mais, déjà à La Mecque, mon fils m'inquiétait à cause d'une toux stridente. Moi, j'avais mis cela sur le compte du ventilateur de la chambre, parce qu'il faisait atrocement chaud. Une fois rentrés au pays, à la maison, Benamar continuait de tousser, en plus des vomissements et une diarrhée qui l'avaient affecté.» Croyant que son fils est atteint d'une simple bronchite, la vieille dame, Kheira, 82 ans, éplorée, se tut, en priant Dieu de le sauver. La mère, en dépit de son âge, est en bonne forme. Elle nous a confirmé qu'elle aussi avait été assujettie à des examens, aussitôt son fils hospitalisé. «Les médecins m'ont laissée partir me signifiant que je n'avais rien, el hamdoulillah. Si seulement, c'était moi qui était à la place de Benamar», dit-elle, très émue. Le fils du patient, Mustapha, prend le relais en donnant plus de détails. «Malgré sa fatigue, mon père est allé accomplir la prière du vendredi. Une fois de retour de la mosquée, et devant son état inquiétant, nous l'avons emmené à l'hôpital de Sebra, puis constatant que son état demeurait en stand-by, nous l'avons évacué chez un spécialiste à Maghnia, qui nous somma de l'emmener illico presto à l'hôpital de la ville, Chabane Hamdoune. Là, il n'y avait pas photo, le médecin, qui l'a consulté, a pris la décision de l'évacuer en urgence au CHU de Tlemcen. Après des analyses approfondies, ils l'ont gardé sans rien nous dire…» L'Institut Pasteur d'Algerie confirma le virus, avant-hier. A Sebra, la population se perd en conjectures. Et même si des habitants craignent une éventuelle contagion, ils restent solidaires avec la famille Mohamed Benhmed. «Nous n'avons rien à craindre, puisque la famille du patient est en bonne santé. D'ailleurs, nous ignorons si ce virus est contagieux…» Khalti Keira, que nous avons réussi à faire sourire, nous promet d'égorger un bœuf dès que son fils sera guéri. «Mais, priez Dieu avec moi pour que Benamar sorte sain et sauf de cet hôpital», nous a-t-elle implorés. Les premiers signes cliniques du coronavirus apparaissent moins de 24 heures après l'infection : perte d'appétit, fièvre, accélération de la respiration, toux, chair de poule, posture voûtée. Les personnes atteintes par le coronavirus souffrent d'une grave infection des voies respiratoires basses, c'est-à-dire des poumons, ce qui peut conduire à une pneumonie.