La neuvième édition du Festival national a pris fin lundi, avec la soirée de remise des prix. Le jury n'a pas décerné de grand prix, estimant que le niveau était insatisfaisant. Une décision qui n'a pas manqué de faire polémique. Le Festival national de théâtre professionnel (FNTP), ce fut dix jours de représentations, de débats et de spectacles de rue qui ont fait battre le cœur d'Alger au rythme du 4e art. Dix-sept pièces ont été présentées en compétition par les théâtres régionaux, en plus de neuf troupes en off et d'un invité étranger. Le public était présent en nombre pour cette occasion rare de découvrir la réalité de la pratique théâtrale au niveau national. La salle du Théâtre national Mahieddine Bachtarzi avait d'ailleurs du mal a contenir la foule venue assister à la soirée de clôture. Une grande partie de l'assistance était composée des festivaliers, impatients de découvrir le palmarès. Après un montage poétique en hommage à Ghaza et une allocution de Rabah Hamdi du ministère de la Culture, «le clou» de la soirée furent sans conteste les recommandations du jury. Les mots de Abdelmalek Benkhelaf étaient forts, très forts. En effet, le jury présidé par Saïd Benselma a estimé que les représentations n'étaient pas au «niveau exigé des théâtres régionaux, au vu des moyens dont ils disposent» et que cela avait sérieusement compliqué la tâche du jury. Benkhelaf a appelé à une sélection plus rigoureuse au niveau de chaque région. Détaillant cette problématique du niveau des représentations, Benkhelaf a évoqué l'abus des artifices techniques et de la chorégraphie, masquant le manque de contenu de pièces trop courtes. Le jury a également fortement recommandé de présenter de nouvelles créations pour les prochaines éditions. Des recommandations certes recevables, mais dont la formulation, ajoutée à la décision de ne pas attribuer de grands prix, a déclenché l'ire de certains hommes de théâtre présents parmi l'assistance. Ahcène Assous, directeur du Théâtre régional de Sidi Bel Abbès, a exprimé son mécontentement : «Les propos des membres du jury sont insultants vis-à-vis de tous les créateurs ! Ils estiment qu'il n'y a pas de niveau. Moi je pose la question : est-ce que les membres du jury ont le niveau ?» Hormis ce «niveau» qui a fait polémique, l'heure était aux réjouissances et les prix ont été distribués aux lauréats au milieu des hourras de leurs troupes respectives. Le Théâtre régional de Batna, avec la pièce Laylat Ghyadab el aliha (Nuit de colère des dieux), a obtenu le prix du jury ainsi que deux autres distinctions. Celle du meilleur acteur pour Samir Oudjit, et celle de la meilleure scénographie pour Abderrahmane Zaâboubi. Les comédiennes du théâtre de Guelma ont, quant à elles, raflé les prix du meilleur second rôle (Nouara Berrah) et de la meilleure interprétation (Adila Soualem). Le meilleur espoir masculin est revenu à Namous Ali de Skikda pour sa performance dans la pièce Al Madhbaha, également distinguée pour sa production signée Hassen Boubrioua. La jeune Amina Belhocine d'Oran a été sacrée meilleur espoir féminin et le prix du second rôle masculin a été attribué à Hichem Guergueh d'Annaba. Enfin, le prix du meilleur texte est revenu à Sofiane Attia pour Laylat idame (coopérative Canevas de Bordj Bou Arréridj) et celui de la meilleure musique à Amamra Hassen du Théâtre régional de Sidi Bel Abbès.