Les habitants d'Idjelouahen, Ait Oumaziane, Boumisra, Ighil N'eseda, situés sur les hauteurs de Bordj-Menaïel veulent retourner sur leurs terres. Hier, ils étaient des dizaines à s'être déplacés jusqu'au chef-lieu de la wilaya de Boumerdès « dansl'espoir de rencontrer le wali en vue de lui demander le strict minimum afin de pouvoir regagner leurs contrées d'origine». Ces «exilés» dans leur propre pays ont observé un sit-in devant le siège de la wilaya durant toute la matinée, mais ils sont retournés chez eux déçus car n'ayant pas obtenu de réponse rassurante de la part des autorités. Ces villageois ne demandent pas l'impossible, mais juste le revêtement de la route desservant leurs localités et les maisons qu'ils avaient fui à cause de la misère et le diktat des groupes terroristes armés durant la décennie noire. «C'est une route de 4 km qui est à l'état de piste depuis son ouverture en 1965. Cela fait plus de 10 ans que nous réclamons son ouverture, en vain», lance un sexagénaire qui habite le bidonville de Bastos, à Bordj-Menaiel. L'axe en question revêt une grande importance, son revêtement permettrait de désenclaver même les villages du Sud de Timezrite, tels que Ait Sidi Amara et Afir, explique-t-il. Il y a vingt ans, la région d'Idjelouahen comptait des centaines d'habitants. Aujourd'hui, il n'en reste qu'une trentaine de familles qui vivent dans un dénuement total. L'école primaire, construite dans les années 1980, a été saccagée en 2003. Depuis, les enfants (une soixantaine) de la région partent jusqu'à Timezrite et Bordj-Menaiel pour suivre leurs études. La salle de soins réalisée en 1983 n'a jamais ouvert ses portes ; cette structure est occupée par une famille depuis 10 ans. Ceux qui avaient pris le chemin de l'exode affirment que c'est l'état déplorable de la route desservant leurs villages qui les dissuade de revenir. «Je connais énormément de gens qui veulent postuler à l'aide à l'habitat rural, mais ils savent d'avance qu'il est impossible d'acheminer les matériaux de construction au village», dira un sexagénaire qui rappelle le passé glorieux de la région. Une région qui compte, selon lui, 122 chahids. «Nos parents ont donné ce qu'ils avaient de plus cher pour ce pays, mais nous nous n'avons rien obtenu en contrepartie à l'Indépendance. Même le monument érigé en leur mémoire a été démoli en 2013 lors d'une opération de ratissage de l'ANP, et nous attendons toujours sa reconstruction», ajoute-t-il.