Près de 40% des immeubles des wilayas de Blida et Constantine pourraient être classés inhabitables «rouge» ou très vulnérables «orange» après un éventuel séisme. Le Centre national de recherche appliquée en génie parasismique (CGS) a ainsi récemment achevé des études de microzonage sismique de ces deux wilayas, qui révèlent la vétusté et la fragilité du bâti de nombreuses villes algériennes, rapporte l'APS. Une autre étude similaire, concernant la wilaya d'Alger et réalisée en 2005 par le même centre, avait alerté quant à l'existence d'un danger sur le tissu bâti algérois, dont des bâtiments stratégiques qui pourraient être fortement endommagés en cas de tremblement de terre de magnitude 6.5 sur l'échelle de Richter. Le Contrôle technique de la construction (CTC), qui effectue un vaste diagnostic du vieux bâti à travers le pays, met aussi en garde. L'étude de diagnostic menée par cet organisme national vise ainsi l'évaluation des risques qui menacent 304 113 logements sur 12 sites de vieux bâti à travers 11 wilayas, a indiqué à l'APS un responsable au ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville. «Il s'agit d'Alger, Blida, Oran, Annaba, Béjaïa, Souk Ahras, Mascara, Sidi Bel Abbès, Constantine, Relizane et Mostaganem, sachant que pour les quatre dernières wilayas, les travaux d'expertise sont sur le point d'être achevés», est-il précisé. Concernant la wilaya d'Alger, l'opération de diagnostic concerne plus de 120 000 logements dans des bâtisses datant des XVIIIe, XIXe et XXe siècles, selon le même responsable, qui précise que le choix des sites concernés relève des walis. Au cours de cette opération, le CTC, qui est actuellement doté de quatre directions de diagnostic et d'expertise à Alger, Annaba, Constantine et Oran, recourt aux technologies les plus récentes pour l'évaluation afin de produire une «carte d'identité» pour chaque bâtiment. «Désormais, nous ne nous contentons plus des techniques visuelles, nous utilisons des équipements électroniques de dernière génération qui peuvent même nous donner les résultats préliminaires sur place», souligne le responsable. Suite à ces opérations de diagnostic, des études seront entreprises en vue de proposer des solutions de confortement, de transformation ou de réhabilitation, voire de démolition, et ce, en fonction de l'état de l'immeuble. Il est ainsi prévu des opérations-pilotes de réhabilitation qui seront lancées avant la fin de l'année 2015 à travers un montage financier incluant une aide de l'Etat. Bientôt une agence pour prendre en charge le vieux bâti Ces opérations prendront en charge non seulement la bâtisse et ses composantes, mais aussi le ravalement des façades, les terrasses et la restauration des parties communes. Toutefois, la prise en charge du vieux bâti nécessite un encadrement juridique qui fixe les conditions et modalités d'intervention sur ce type particulier de constructions. C'est dans ce sens qu'un projet de décret a été élaboré et soumis au secrétariat général du gouvernement pour concertation et enrichissement, selon le même responsable. Par ailleurs, une agence va être mise en place pour prendre en charge le vieux bâti à travers le territoire national, dont la mission consistera à planifier et organiser les interventions sur les anciennes constructions touchées par la dégradation. Le champ d'intervention de cette future agence d'expertise comprendra les vieux édifices qui risquent de s'effondrer en l'absence d'une prise en charge adéquate. Il ne s'agit pas seulement d'immeubles d'habitation, mais aussi de sièges d'institutions publiques ou de services publics, de mosquées et de théâtres. De surcroît, le ministère de l'Habitat compte élaborer une carte de risque sismique sur le tissu bâti en Algérie, en exploitant les résultats des différentes études réalisées précédemment. La finalisation de cette carte, la première du genre en Algérie, devrait intervenir dans les tout prochains mois.