Après 35 ans d'absence, la voilà qui chante enfin chez elle, en terre amazighe. Djouhra Abouda, connue sous le nom de Djura, a ouvert le bal vendredi soir, lors de la deuxième nuit du Festival international de Timgad avec son groupe Djurdjura. Et comme on pouvait s'y attendre, à sa montée sur scène, Djura, l'artiste militante, la féministe engagée, était au bord des larmes, au paroxysme de l'émotion. Le public, toujours réduit, n'a en rien entamé sa prestation. En effet, hormis les quelques initiés qui connaissent son parcours et qui ont lu ses livres, la quasi-totalité du public ignorait, jusqu'alors, qui elle est. Cela ne l'a pas empêché de l'apprécier et de l'adopter. «Chanter à Timgad ce soir, sur la terre de nos ancêtres, les terres de la Kahina, de Jugurtha et de Massinissa, c'est tout un symbole pour moi», nous a-t-elle confié. «Je referai un autre concert qui sera certainement bondé», a-t-elle promis. Djura a été, pendant des décennies, une ambassadrice de la culture amazighe à travers le monde. A la création du groupe Djurdjura en 1979, fondé par elle et ses deux sœurs Malha et Fatima, le succès a été immédiat, car, comme Djura nous l'explique, elles ont apporté beaucoup de richesse, celle du premier groupe féminin et féministe de musique world-berbère à travers le monde. Ahmed Chawki, la nouvelle star marocaine Le groupe éclate suite à un différend familial. Djura continue alors de mener le groupe avec d'autres musiciens. Ses paroles sont inspirées par des poèmes à caractère social, mais aussi et surtout féministe. «Je suis attachée à la forme et au contenu, j'ai mis des messages dans mes chansons. Aujourd'hui, je crois qu'elles touchent les gens, parce qu'ils ont envie d'entendre une parole de femme, de mère, de liberté, d'amour et de paix». En outre, pour son grand retour en Algérie, Djura donnera pas moins de 4 concerts. Celui de Timgad, le deuxième sera à Constantine puis au Casif (Sidi Fredj) pour terminer en apothéose à Tizi Ouzou. «Je viens à la rencontre du peuple algérien», expliquera-t-elle. L'autre événement de la soirée n'était nul autre qu'Ahmed Chawki, le jeune chanteur marocain au succès grandissant connu surtout pour ses duos, notamment avec Pitbull et Kenza Farah. Il s'est efforcé d'animer un public de plus en plus rare sur les gradins, avec des titres qui ont fait son succès comme Time of our lives, mais aussi des chansons bien de chez nous tel que Zina, de Raïna Raï, Diroulha laâkal, de cheb Akil et C'est la vie, de Khaled.