Avec un effectif de plus de 25 millions d'ovins, la filière viande algérienne représente pas moins de 50% du PIB agricole national. Il n'en demeure pas moins que le marché de la viande ovine, dominé par les comportements spéculatifs de réseaux commerciaux informels, mais bien organisés, ne profite ni aux éleveurs ni aux consommateurs. La Fédération nationale des éleveurs, lors d'une rencontre hier avec le ministre de l'Agriculture et de la Pêche, Sid-Ahmed Ferroukhi, a soulevé le problème de la commercialisation comme l'une des entraves empêchant le développement du secteur mais surtout, l'accès des éleveurs au marché. «Nous disposons aujourd'hui d'une surabondance de production, mais la commercialisation fait défaut», a relevé le président de la Fédération, Azaoui Djilal. Selon lui, le secteur repose sur trois principaux piliers, à savoir le bétail, l'alimentation et l'éleveur. Cependant, il a attiré l'attention sur un phénomène de plus en plus inquiétant : la «dégradation des pâturages» et la «disparition du couvert végétal» ayant entraîné une diminution de l'offre fourragère. C'est pourquoi, le représentant des éleveurs appelle à une «meilleure organisation» des réserves steppiques et des périmètres pastoraux pour assurer la régénération du couvert végétal et une augmentation de la production fourragère. Pour sa part, le ministre a notamment insisté sur la nécessité de procéder à une meilleure organisation de la filière, tout en indiquant que «l'éleveur doit être au centre de nos préoccupations, étant l'élément principal de toute la chaîne qui constitue la filière». Pour M. Ferroukhi, il s'agit de «moderniser le secteur, protéger cette ressource économique, améliorer la qualité du produit, sans oublier l'intérêt des professionnels» au nombre, aujourd'hui, d'environ 200 000 éleveurs. Notons que l'organisme français spécialisé dans les statistiques agricoles, FranceAgriMer, classe l'Algérie au 5e rang mondial en matière de production de viande ovine. Dans un rapport publié récemment, l'organisme français révèle que l'Algérie représente 3% de la production mondiale de viande ovine derrière la Chine (24%), l'Australie (8%), la Nouvelle Zélande (5%) et le Soudan (4%). Des pays comme le Royaume-Uni, l'Inde et la Turquie se positionnent à la même place que l'Algérie avec un taux de 3% chacun de la production mondiale de viande ovine. Les contre-performances relevées par le même organisme concernent, cependant, l'aspect consommation, car «la viande ovine reste inaccessible pour une grande partie des ménages algériens aux revenus moyens et faibles, avec des prix en constante hausse se situant dans la fourchette de 1200 à 1800 DA/kg».