L e ministre des Affaires étrangères Mohamed Bedjaoui va en effet représenter demain et après-demain (28 et 29 septembre) notre pays au XIe sommet de cette organisation qui se tient en Roumanie. La nouvelle est confirmée hier via un communiqué du ministère des Affaires étrangères qui précisait que M. Bedjaoui devra se rendre à Bucarest (Roumanie) pour représenter l'Algérie « en qualité de pays invité spécial ». Un statut que l'Algérie conserve depuis le sommet de Beyrouth en 2002, qui aura marqué la première participation de notre pays à ce forum de débat des pays francophones. Le fait que l'Algérie participe à un niveau aussi élevé que celui du ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, traduit sa volonté de ne pas déserter ce genre d'espaces d'intégration, d'échange et de partenariat entre plusieurs pays qui ont la langue française en partage. C'est aussi un signe qu'elle ne veut pas lâcher cette organisation malgré la brouille qui caractérise ses rapports avec la France qui parraine ce sommet, dans le sillage de la loi du 23 février glorifiant la présence coloniale en Afrique du Nord. C'est le message fondamental que suggère sans doute la présence algérienne à Bucarest au moment où les deux pays se regardent en chiens de faïence. Bien que son statut « d'invité spécial » ne lui confère ni le droit au vote ni à la parole, l'Algérie tient tout de même à marquer sa présence dans cette enceinte qu'elle a désertée des années durant. Ne serait-ce que pour éviter de pratiquer la politique de la « chaise vide » qui fut si préjudiciable à la diplomatie algérienne durant les années du terrorisme. Changement de cap C'est en quelque sorte la nouvelle stratégie de la diplomatie algérienne qui fait du plus pragmatisme une ligne de conduite. Le mot d'ordre étant d'investir toutes les institutions, tous les groupements et toutes les organisations qu'elles soient régionales, multilatérales ou internationales. C'est dans cette perspective que le président de la République Abdelaziz Bouteflika avait cassé un tabou « historique » en se rendant en octobre 2002 au sommet de la francophonie qui s'est déroulé à Ouagadougou, au Burkina Faso. Ce jour-là, Bouteflika avait signé l'entrée du « premier pays francophone au monde » à l'OIF même si cela n'équivaut pas à une adhésion. Ce geste, osé faut-il le souligner, a eu l'effet de décomplexer certains de nos responsables politiques qui maudissait encore l'ancienne puissance coloniale. Abdelaziz Belkhadem qui avait organisé la protesta contre la venue du chanteur Enrico Macias en Algérie en 2000 a dû se rendre à l'évidence que son pays avait plus à perdre qu'à gagner en tournant le dos à certains pays qui contrôlent de puissantes organisations. Ce changement de cap de la diplomatie algérienne à l'égard de la francophonie s'est révélé en 2004 dans cette réplique de Abdelaziz Belkhadem, alors ministre des Affaires étrangères, aux journalistes : « Nous n'avons aucun complexe à intégrer la francophonie ; d'ailleurs nous allons même tenter d'adhérer au Commonwealth. » C'est dire que désormais, « la langue en partage » cache mal des intérêts géostratégique et géopolitiques autrement plus importants. L'Algérie semble avoir enfin compris en décidant d'occuper sa chaise, à l'OIF même si elle n'est pas forcément satisfaite de son statut.