Fissures, corrosion, apparition des semelles, fondations dénudées, l'état des 18 immeubles de ces vieilles cités angoisse au plus haut niveau les habitants. Les habitants des cités Rachid Bouzerar et Sidi M'hamed Amokrane, relevant du plateau Amimoune dans l'ancienne ville de Béjaïa, sont menacés dans leur existence. Et pour cause ! Construits en 1958 par l'administration coloniale pour y confiner des «indigènes» aux fins de maîtriser la rébellion, les immeubles qu'ils occupent ne sont plus sûrs depuis des lustres. Fragilisés par le séisme de 2012, qui a particulièrement affecté le vieux bâti de la ville de Béjaïa, les quelque 500 appartements de cette vieille cité menacent ruine. Les milliers d'âmes qui les occupent vivent la peur au ventre, craignant le pire si jamais un autre séisme venait à secouer la ville. Au nombre de 18 et comportant chacun au moins sept étages, ces immeubles en fin de vie sont sérieusement affectés et l'ampleur de leur délabrement donne froid dans le dos. Selon des habitants du quartier, ces immeubles présentent des fissures béantes à plusieurs endroits des structures porteuses, en plus d'une corrosion apparente au niveau des armatures dénudées. On fait état aussi d'affouillements par érosion du sol jusqu'à apparition des semelles des bâtiments ainsi que du dégarnissement et du dénudement sévères par endroits de toute pièce en béton laissant apercevoir leur ferraillage. Par endroits aussi, les fondations sont suspendues, au point de mettre en doute la stabilité du bâtiment, s'inquiètent nos interlocuteurs, qui ajoutent que des fissures sont également visibles au niveau des murs et des plafonds. Après le séisme de 2012, des commissions, dont les CTC de Constantine, Alger et Béjaïa, se relayent sans fin sur le site pour évaluer l'état des immeubles, mais à ce jour le dossier de prise en charge de ce cas d'extrême urgence est resté pendant, laissant des milliers d'âmes dans l'expectative et en ballottage entre les différents services des autorités compétentes. Abdennour Zennache, président de l'Association du quartier qu'il habite depuis 48 ans, déplore des lourdeurs bureaucratiques interminables et inexpliquées : «Une première expertise a conclu à la démolition de ces immeubles, classés orange 4, donc non récupérables, mais ce dossier a été stoppé net au niveau de l'APC. Car, d'après la Direction du logement, une autre expertise a conclu que certains appartements, classés orange 3, pouvaient être réhabilités. Un appel d'offres a même été lancé dans ce sens. Quelque temps après, cette nouvelle expertise a été invalidée par le ministre de l'Habitat, qui a exigé sa confirmation par un organisme d'Etat, car il n'avait pas saisi le sens de la catégorie orange 4. Puis, plus rien». «Il est temps qu'on mette un terme à cette interminable attente. Nous exigeons une réponse immédiate et qui soit favorable à notre relogement, car les immeubles que nous occupons ne sont plus habitables et on ne sait s'ils vont survivre, et nous y compris, au prochain séisme», craint notre interlocuteur.