Le terrorisme routier frappe cette fois très fort. Une nouvelle hécatombe a eu lieu, dans la nuit de vendredi à samedi, sur la RN23 au lieudit El Djeder, commune de Oued Morra dans la wilaya de Laghouat. L'accident est survenu à 2h50 sur le tronçon reliant la daïra d'Aflou à la commune de Oued Morra suite à la collision d'un autocar de transport des voyageurs venant de Hassi Messaoud (wilaya de Ouargla) à destination d'Oran et d'un poids lourd immatriculé à Relizane. Sous l'effet du choc, le bus a fait plusieurs tonneaux avant de finir sur un rocher puis de s'embraser. Les victimes, 55 au total, dont 32 morts, qui dormaient, se sont retrouvées prisonnières des flammes. Vu l'ampleur des dégâts et des pertes humaines, cet accident est considéré comme le plus lourd de cette année. Les services de la Protection civile font état, dans leur bilan définitif, de 23 blessés et 32 personnes décédées sur les lieux. D'après le lieutenant Walid Nekmouche de la Protection civile de Laghouat, parmi les victimes, 30 personnes ont été calcinées et deux complètement déchiquetées — rendant difficile la possibilité de définir leur sexe, encore plus leur identité —, et deux morts par asphyxie. Les blessés, âgés entre 6 et 52 ans, ont été évacués vers l'EPH Bedjra Abdelkader d'Aflou. Il en a été de même pour les corps des victimes. Parmi ces dernières, on a pu procéder à l'identification de 12 hommes, six femmes et quatre enfants. D'après une liste provisoire affichée à l'hôpital, figure parmi ces victimes une famille composée des parents et de deux enfants de 7 et 8 ans. La plupart des 22 blessés de cet énième tragique accident de la circulation sont dans un état stationnaire d'après Imad Eddine Mouadh, directeur de la santé de la wilaya de Laghouat. Dans une déclaration à l'APS, M. Mouadh a relevé que seul un blessé, atteint de brûlures au deuxième degré, a nécessité un transfert vers Alger et un autre, ayant eu des fractures, a été opéré. Ces blessés sont originaires des wilayas de Tiaret, Relizane, Oran, Tissemsilt, Mostaganem, Ouargla et Béchar. En plus de la mobilisation du corps médical et des équipements nécessaires, cet accident a aussi nécessité la mobilisation de 15ambulances et 7 camions-citernes pour que les éléments de la Protection civile puissent maîtriser les flammes et évacuer les blessés et les corps des défunts. Un cellule de crise a été aussitôt installée pour recevoir les familles des victimes qui ont commencé à se présenter aux services de l'EPH d'Aflou en début d'après-midi. Les autorités locales ainsi qu'une délégation ministérielle présidée par le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, et Boudjema Talai, ministre des Transports, se sont également rendus sur les lieux de ce carnage pour s'enquérir de la prise en charge des victimes et des causes de cet accident. La malédiction du sud Cet accident n'est pas le premier du genre dans la région de Laghouat et les wilayas voisines. Certains évoquent même une véritable malédiction qui toucherait ces wilayas du Sud. Sans pour autant aller dans l'exagération, même si les bilans des accidents de la route dans cette région du pays la justifie, ces derniers mois, plusieurs collisions mortelles sont à déplorer. La région d'El Djeder, lieu de ce carnage, avait été le théâtre de plusieurs autres accidents, tous mortels, avec des degrés de gravité divers. Le plus grave après celui de ce samedi remonte à septembre 2014 où une collision tragique similaire avait entraîné la mort de 17 personnes et causé des blessures à 27 autres. Le conducteur du bus, à l'origine de cet accident, avait écopé d'une peine de 10 ans de prison ferme, assortie d'une amende d'un million de dinars, en plus du retrait à vie de son permis de conduire pour «homicide involontaire au moyen d'un véhicule lourd de transport en commun sous l'effet de stupéfiants». En effet, plusieurs conducteurs de longs trajets recourent aux stupéfiants pour rester éveillés, en forme et éviter la fatigue due à la conduite pendant de longues heures. D'après le colonel Kerroud, le mot «malédiction» est trop fort pour qualifier ces accidents dans les régions du Sud et des Hauts-Plateaux. Selon lui, il s'agit plutôt de plusieurs facteurs qui sont à l'origine de ces carnages. Il cite, en premier lieu, la fatigue et la monotonie du Sud qui influent négativement sur l'état du chauffeur ; viennent ensuite l'état de la chaussée, dégradée par endroits, puis celui des véhicules. La société civile se mobilise Exaspérée par ce nombre d'accidents sur la RN23, la société civile, à travers les réseaux sociaux, a appelé à une forte mobilisation pour réclamer le doublement de cette route considérée comme un point noir dans la région. Adhérant à cette vague de mobilisation, la Confédération nationale du patronnat BTPH et l'Union générale des entrepreneurs algériens se sont adressés au Premier ministre, à travers un communiqué, afin de lancer en urgence les travaux de doublement de cet axe routier névralgique pour la région et qui engendre sans cesse des dizaines de morts.