Le directeur général de la Caisse nationale d'assurances sociales (CNAS), Hassan Tidjani Heddam, lors de son passage hier au forum d'El Moudjahid, s'est longuement attardé sur le poids que représentent les arrêts de travail. En termes d'indemnisation, ajoute le responsable, en 2015, la CNAS a payé 18,04 milliards de dinars. «Le montant est important. Il a connu une progression de 8% par rapport à 2014.» Devant une telle situation, la Caisse a pris des mesures qui, selon son directeur général, devraient donner des résultats. «Celles-ci consistent en la soumission systématique au contrôle médical de tous les arrêts de travail déposés, quelle que soit leur durée. Il est également question de renforcer les contrôles administratifs à domicile pour s'assurer du respect par les malades de leurs obligations, telles que fixées par la réglementation en vigueur», note M. Tidjani Heddam. Et de préciser : «Avant, les arrêts de travail de trois jours ne faisaient pas l'objet de contrôle, mais aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Cela va réduire sensiblement, les arrêts de complaisance.» Le directeur général de la Cnas estime que le système de santé et de protection sociale est «l'un des plus performants et appelle à une refonte pour corriger certains dysfonctionnements». En matière de soins et de santé, dit-il, «l'essentiel est réalisé par la prise en charge intégrale, dans le cadre de la convention avec les officines privées et publiques, des frais pharmaceutiques nécessaires au maintien, à la préservation ou à la réparation de la santé de nos citoyens». Dans ce domaine, souligne M. Tidjani Heddam, «les dépenses enregistrées traduisent les efforts substantiels réalisés à ce niveau en termes de facilitation de l'accès aux soins aux bénéficiaires». Néanmoins, relève le responsable, il est constaté une surconsommation de médicaments par les Algériens.
Abus dans la prescription médicale Les dépenses liées au remboursement des produits pharmaceutiques, note-t-il, sont passées de 166 milliards de dinars en 2014 à plus de 176 milliards de dinars pour atteindre 47 milliards de dinars uniquement pour le 1er trimestre 2016. «Il y a des médecins qui prescrivent une liste de 18 médicaments pour une grippe. Je leur lance un appel solennel pour nous aider à limiter le recours abusif aux médicaments. Il y va de la santé financière de la Caisse et de sa pérennité», déclare le directeur général de la CNAS. Revenant sur la prise en charge des frais de santé, le responsable précise qu'«elle est assurée par l'élargissement du dispositif du tiers payant aux cliniques privées spécialisées en cardiovasculaire et en hémodialyse». Selon lui, en matière de cardiovasculaire, il existe 17 cliniques conventionnées qui, au 30 avril 2016, ont traité 2122 malades, parmi lesquels 355 enfants, pour un montant de 1 069 368 531 DA. Pour ce qui est de l'hémodialyse, M. Tidjani Heddam avance le nombre de 155 centres conventionnés qui ont pris en charge 9108 malades pour un montant de 2,44 milliards de dinars. Pour ce qui est de la couverture des soins, le responsable souligne qu'elle est assurée par «le versement au profit des structures publiques de santé d'un forfait, en progression permanente et fixé annuellement par la loi de finances». Il ajoute que ce montant est passé de 57,8 milliards de dinars en 2014 à 65,21 milliards de dinars en 2015 pour atteindre 64,8 milliards de dinars durant le premier trimestre 2016. Toujours sur le chapitre de la couverture des soins, le directeur général de la CNAS relève qu'elle est «matérialisée» également par la mise en place et la promotion de plusieurs dispositifs, dont celui du médecin traitant «qui permet aux retraités et à leurs ayants droit de bénéficier des soins dans le cadre d'un système coordonné et hiérarchisé en termes de suivi et de prévention de l'opticien mis au profit d'enfants ayants droit d'assurés sociaux souffrant d'affections et ceux du conventionnement avec l'Office national algérien des appareils et prothèses pour handicapés par la prise en charge de l'appareillage dans ses différentes natures et formes au bénéfice des personnes aux besoins spécifiques». Enfin, le dernier dispositif concerne le transport sanitaire, pour les assurés sociaux et leurs ayants droit, nécessaire pour leur traitement et leur suivi médical. Au 30 avril 2016, le nombre de transporteurs conventionnés a atteint les 289, pour un service qui a coûté 631 millions de dinars. Abordant le volet du recouvrement des cotisations, M. Tidjani Heddam estime qu'«il revêt une importance particulière pour la préservation et la pérennité du système». C'est à ce titre, ajoute-t-il, que 2015-2016 ont été déclarées années du recouvrement et que la loi de finances complémentaire 2015 a consacré «des mesures incitatives exceptionnelles en direction des employeurs». Dans ce cadre, affirme-t-il, 141 166 employeurs ont bénéficié de l'annulation des majorations et pénalités de retard, mesure qui leur a permis de s'acquitter de la totalité de leurs dettes vis-à-vis de la CNAS. La Caisse a par ailleurs octroyé plus de 18 000 échéanciers de paiement pour les employeurs non à jour de leurs cotisations. En outre, M. Tidjani Heddam a révélé que 16 280 personnes activant dans la sphère de l'économie informelle se sont affiliées volontairement, «bénéficiant ainsi, en matière de couverture sociale, des prestations en nature de l'assurance maladie et maternité pour trois années, moyennant une cotisation mensuelle symbolique : 12% du SNMG soit 2160 DA». Pour le directeur général de la Cnas, ces mesures «ont eu un impact positif sur le niveau des recettes qui ont augmenté de 7% par rapport à l'année 2014 et 11% par rapport à 2013. Pour le premier trimestre 2016, les recettes ont connu une hausse de 10% par rapport à celles enregistrées durant la même période de 2015».