Les 1res Rencontres cinématographiques de Hassi Messaoud auront lieu du 18 au 22 décembre, à l'initiative de l'association Lumières et d'un groupe de chefs d'entreprise. Une première ! Hassi Messaoud s'apprête à accueillir, à partir de dimanche prochain, un événement artistique inédit : les 1res Rencontres cinématoghraphiques. La ville pétrolière, qui aurait pu être un pôle culturel par excellence dans le sud du pays, va accueillir des stars du grand écran pour la première fois de son histoire. Durant cinq jours, des longs métrages arabes, en course aux Oscars du meilleur film de langue étrangère, seront projetés en présence de réalisateurs, de comédiens et de producteurs. Parmi les invités, le Tunisien Lotfi Abdeli, la Syrienne Suzanne Nedjmeddine, les Egyptiens Khaled Abu Nagaa et Tarek Abdelaziz, l'Algérien Lotfi Bouchouchi, le Saoudien Mahmoud Sabbagh, le Marocain Said Khellaf et l'Irakien Mustafa Halkawt. Une dizaine de films seront projetés, suivis de débats avec le public jusqu'au 22 décembre. «Nous avons choisi les films arabes en course pour les Oscars parce que le nombre inscrit cette année est plus important. Et puis, la short list sera annoncée ce mois de décembre. Nous nous y sommes intéressés parce qu'un long métrage algérien, Le Puits de Lotfi Bouchouchi est également sur la longue liste des 80 films. En 2017, nous aurons peut être une autre thématique internationale», a expliqué Mohamed Allal, directeur artistique des Rencontres, lors d'une conférence de presse tenue mercredi dernier à la Cinémathèque d'Alger. Certains longs métrages seront présentés en avant-première algérienne et maghrébine comme Baraka meets Baraka du Saoudien Mahmoud Sabbagh et El Clasico de l'Irakien Mustafa Halkawt. Ichtibak (clash) de l'Egyptien Mohamed Diab, qui a suscité le débat dans plusieurs festivals à travers le mode, sera présenté au public pour la première fois. «Nous allons ouvrir le débat sur la candidature algérienne aux Oscars cette année. L'Algérie, pour rappel, est le premier pays arabe à avoir décroché l'Oscar du meilleur film en langue étrangère avec Z de Costa Gavras en 1969 (attribué en 1970). Le trophée de l'Oscar sera exposé à Hassi Messaoud», a-t-il annoncé. Ce trophée a été rapporté par Ahmed Rachedi en tant que producteur, au nom de l'ex-Office national pour le commerce et l'industrie cinématographique (ONCIC). Un hommage sera rendu à Ahmed Rachedi qui achève actuellement la post-production de son dernier long métrage Les Sept Remparts de la citadelle. Le comédien Hamid Remas, décédé le 25 novembre 2016, sera également honoré à titre posthume. «Nous n'avons pas oublié Abdelkrim Kaârar qui est établi ici à Ouargla en tant qu'animateur culturel. C'est un comédien qui s'est éloigné du monde du cinéma depuis les années 1970. Quand je l'ai appelé, il ne m'a pas reconnu. Je lui ai alors dit : 'Je suis ton chef de patrouille.' Kaârar a joué dans Patrouille à l'Est de Amar Laskri (1971)», a relevé Hassan Benzerari, coordinateur des Rencontres. Prendre un autre chemin «J'ai envie de vous dire combien est grande ma joie de voir cette initiative se concrétiser sur le terrain. Une initiative que nous attendions depuis des années. Celle de voir des privés s'impliquer dans l'organisation d'événements culturels. Les Rencontres de Hassi Messaoud sont un nouveau-né qu'il faut protéger. Nous avons rencontré des hommes d'affaires qui se disent prêts à participer à des activités culturelles, surtout dans le sud du pays. L'organisation revient à l'association Lumières qui, depuis des années, sillonne le pays et propose des projections et des débats sur des films, surtout algériens, notamment dans les résidences universitaires», a expliqué Hassan Benzerari. Selon lui, les responsables locaux, comme le chef de daïra et le président de l'APC — Hassi Messaoud est la commune la plus riche d'Algérie — ont insisté pour que les Rencontres soient qualifiées de «premières». L'idée serait de reconduire la manifestation l'année prochaine. «Le wali de Ouargla nous a beaucoup soutenus. Autant que certains entreprises établies à Hassi Messaoud, telles que Sonatrach, GTP, One Global Service ou les hôtels Zaid ou Euro Japan. Ces entreprises ont participé à 90% dans la concrétisation du projet. Elles financent l'événement, elles ne sont pas des sponsors. Il y a une différence. Je rêve que le privé algérien s'implique aussi dans la production de films. L'Etat a trop ou peu donné, mais est venu le temps de prendre un autre chemin, comme cela se fait ailleurs dans le monde. Le ministre de la Culture a parlé de 80 salles de cinéma qui seront rénovées. Si ces salles sont dotées en technique DCP, le privé algérien va s'intéresser à la production cinématographique, j'en suis sûr», a-t-il souligné. Mohamed Allal a salué l'intérêt d'hommes d'affaires pour la culture : «Habituellement, les opérateurs économiques privés financent les activités du football. Aujourd'hui, la culture contribue à l'économie. Dans certains pays, on développe le tourisme culturel à partir d'événements. Déjà 300 articles ont été écrits dans la presse arabe sur les Rencontres de Hassi Messaoud. C'est une manière de parler de l'Algérie aussi. Hassi Messaoud n'est pas Oran, Alger ou Annaba. Mais il faut que la ville devienne plus visible. Ces Rencontres sont un premier pas. D'ici là, il y aura d'autres propositions.» Programme Avec l'aide du Centre national du cinéma et de l'audiovisuel (CNCA), plusieurs films seront projetés en dehors de Hassi Messaoud comme à Touggourt, Tabesbest, Ouargla et Zaouïa Abadia. Au programme : Le Puits de Lotfi Bouchouchi, Lotfi de Ahmed Rachedi, Zabana de Saïd Ouled Khelifa, Algérie vue du ciel de Yann Arthus Bertrand, L'envers du Miroir de Nadia Labidi, Hors-la-loi de Rachid Bouchareb... «Ces films n'ont jamais été projetés à Hassi Messaoud ou Touggourt, où il n'y a pas de salle de cinéma», a relevé Hassan Benzerari. Les ateliers de Hassi Messaoud «Nous avons voulu axer notre initiative sur la formation des jeunes intéressés par l'art cinématographique. Certains ont déjà produit des courts métrages, notamment à Ouargla. Aussi, avons nous programmé trois ateliers sur l'analyse des films, sur la photographie et sur l'infographie», a relevé Mohamed Allal. Selon Hassan Benzerari, les ateliers peuvent être un déclic pour l'écriture de scénario ou pour la réalisation de film. «Il faut parier sur la continuité. C'est de cette manière que nous pourrons avoir des résultats, découvrir des talents», a-t-il plaidé. Coordonnés par le critique Nabil Hadji, les ateliers seront animés par Lyès Bouchmoukha (analyse des films), Aziz Lechlah (photographie) et Bahaeddine Alaa (infographie) au niveau de la résidence Euro Japan. «Notre but est d'intéresser les jeunes au cinéma, surtout les universitaires. Nous avons donc insisté pour que l'université de Ouargla soit impliquée dans l'événement et dans les débats sur les films», a souligné Hassan Benzerari. Il a précisé que les Rencontres de Hassi Messaoudi ne remplacent pas le Panorama de Constantine des films primés — qui n'a pas été organisé cette année après une première édition en 2015 en raison de restrictions budgétaires. «Le Panorama pourrait être organisé en mars ou en avril 2017 avec les films primés au niveau international et pas uniquement arabe», a-t-il annoncé.