Le président Bouteflika a reçu, jeudi, un message du roi du Maroc, Mohammed VI, à l'occasion du 28e anniversaire de la création de l'Union du Maghreb arabe (UMA). Le message du souverain marocain ne reflète pas le fond de sa «pensée» exprimée le 31 janvier dernier lors du sommet de l'Union africaine à Addis-Abeba. Dans son message au président Bouteflika publié par l'APS, Mohammed VI a plutôt plaidé pour la réactivation et la dynamisation de l'Union du Maghreb arabe. Il a réaffirmé l'attachement du Maroc à «l'option maghrébine en tant qu'enjeu stratégique et réitéré sa ferme conviction quant à la nécessité de dépasser le marasme politique actuel et de réactiver les institutions de notre Union maghrébine». Le roi du Maroc poursuit en appelant à «renforcer» les structures l'UMA afin qu'elle soit «une source de force pour ses cinq pays et puisse jouer un rôle efficace pour relever les défis régionaux et internationaux et contribuer en tant qu'ensemble économique régional influent à la réalisation des nobles objectifs de l'Union africaine». Il a aussi appelé à libérer les énergies pour la réalisation du développement et la création de richesses dans un environnement de stabilité, de sécurité et de paix. Dans son message, Mohammed VI s'est montré très optimiste pour l'avenir de l'UMA. Il n'a aucunement laissé entendre que cette instance n'existe plus ou qu'elle n'a aucune utilité. Pourtant, lors de son discours à Addis-Abeba, le souverain marocain était très clair sur le sujet : «Le Maroc a toujours considéré qu'il faut d'abord puiser sa force dans l'intégration de sa sous-région maghrébine. Or, force est de constater que la flamme de l'UMA s'est éteinte, parce que la foi dans un intérêt commun a disparu !» avait-il clamé en affirmant que «le commerce intrarégional fonctionne au ralenti, avec moins de 3%, et l'absence de dynamique économique coûte un peu plus de 2% de croissance annuelle pour les pays de la région». Mohammed VI était allé encore plus loin en considérant que «l'élan mobilisateur de l'idéal maghrébin, promu par les générations pionnières des années 1950, se trouve trahi». Par qui ? Il ne le dira pas. Mais l'allusion à l'Algérie était claire. Par son discours d'Addis-Abeba, le souverain marocain avait laissé entendre que c'est la fin de l'UMA. C'est du moins ce qu'avait inspiré son discours aux journalistes qui étaient sur place. Mais voilà que deux semaines plus tard, Mohammed VI retrouve les vertus de l'UMA et appelle à sa consolidation et sa dynamisation. Un message qui ressemble à celui que le président Bouteflika lui a adressé au même titre que le président tunisien, Beji Caid Essebsi, le président mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz, et le chef du Gouvernement d'entente nationale de Libye, Fayez El Sarraj. Un message dans lequel le président Bouteflika a rappelé «les espérances de nos peuples maghrébins à un édifice commun à même de répondre à leurs aspirations au développement et au progrès et de contribuer à faire entendre la voix de notre Maghreb arabe au sein des différents ensembles régionaux et continentaux actuels». «Il est vrai que l'UMA est appelée, aujourd'hui, à consentir davantage d'efforts en vue de réaliser les objectifs du Traité de Marrakech, traité fondateur de l'union», a souligné le chef de l'Etat, qui a affiché la disposition de l'Algérie «à œuvrer de concert avec l'ensemble des peuples et dirigeants maghrébins frères pour la consolidation de la place de l'UMA». Si l'on s'en tient à ces deux messages de circonstance, le Maroc a la même vision que l'Algérie sur l'UMA et veut aussi développer davantage cette instance d'intégration régionale. Mais dans la réalité, c'est tout le contraire. Car le Maroc a maintes fois brillé par son absence aux sommets et aux réunions de l'UMA.