Le projet reliant par-dessus l'oued la cité Aïssani Ramdane à la cité Salah Abdelaziz, à Sour El Ghozlane, est au cœur d'un litige opposant les autorités locales aux membres de la coopérative immobilière Boudiaf. Les premières (APC, daïra), se réclamant de l'arrêté du wali qui annule le projet de création de l'agence immobilière, exigent, par un ordre de service daté d'avant-hier, la reprise des travaux du pont qui traverse une partie du terrain où allait être élevé le siège de ladite coopérative, et ses 10 membres, exhibant une décision rendue en référé le 26 novembre 2006 par la chambre administrative, s'opposent fermement au passage du projet sur leur terrain. Forts de l'acte de propriété qu'ils possèdent, ces membres ont engagé une action dans le fond. En attendant, ils utilisent tous les moyens pour bloquer les travaux. Ils n'hésiteraient pas à recourir à la menace à l'encontre de l'entreprise réalisatrice comme, selon certains habitants des deux cités rencontrés hier à Sour El Ghozlane, ils l'ont fait au mois de Ramadhan. Avant-hier encore, quatre d'entre eux se présentaient sur le chantier munis de la décision de justice pour obtenir l'arrêt des travaux, mais devant la détermination farouche des quelque 250 habitants des deux cités, qui tenaient à ce que celles-ci soient reliées par un pont pour permettre l'accès au lycée, au CEM d'un côté et la polyclinique, la pharmacie, la boulangerie... de l'autre, les quatre membres de la coopérative ont dû battre en retraite. « Nous sommes restés sur le pont où les travaux se poursuivaient jusqu'à la tombée de la nuit », racontait Mohamed, un chômeur, qui affirmait que les membres de la coopérative ont eu le terrain en question pour un prix symbolique : 16 millions ! Si ces membres se battent avec tant d'acharnement pour conserver ce bien, c'est que, de son avis comme de celui de Dahmane, un autre jeune, l'un des propriétaires a déjà vendu sa part à 16 millions. D'autres auraient suivi l'exemple de leurs camarades. De sorte que les nouveaux acquéreurs les tarabustent sans cesse à propos de ce terrain, dont une partie vient de changer de mains, selon d'autres. A notre déplacement, hier, à Sour El Ghozlane, le chantier était en activité. L'entrepreneur, rencontré sur le terrain, disait avoir reçu un ODS et ne reculera devant aucune intimidation d'où qu'elle vienne. Chaque interruption intempestive lui coûterait 2000 DA par jour. Les quelque habitants, qui demeuraient vigilants après le sit-in de la matinée, nous ont exprimé leur volonté de créer un espace vert sur le reste du terrain épargné par le projet, puisque, dans leur esprit, la coopérative, qui vient aussi d'être dissoute par décision du wali, n'a plus aucun droit sur ce terrain.