C'est un véritable génocide qui est en train de se produire au Yémen. La communauté internationale est complice de ce drame du moment qu'elle laisse faire l'Arabie Saoudite et ses alliés. L'ONU a fait savoir hier que la coalition militaire emmenée par Riyad bloque toujours l'arrivée de l'aide humanitaire, et ce, malgré la réouverture mercredi du port d'Aden, contrôlé par les forces gouvernementales qu'elle soutient. «Aucune aide n'a encore transité par Aden et la réouverture du point de passage de Wadea n'a pas eu d'impact sur les opérations de l'ONU. Les mouvements humanitaires vers le Yémen restent bloqués», a regretté vendredi un porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Russell Geekie. Le responsable de l'agence onusienne a précisé que «la réouverture du port d'Aden n'est pas suffisante». «Nous devons voir levé le blocus de tous les ports, en particulier Hodeida, pour les importations à la fois humanitaires et commerciales. Il ne peut y avoir aucune alternative au fait que ces ports puissent fonctionner complètement et recevoir de l'aide humanitaire ainsi qu'un trafic commercial», a insisté le porte-parole onusien. Celui de Hodeida, situé en territoire tenu par les rebelles, constitue un accès-clé pour l'aide, car il est le plus proche géographiquement de la majorité des populations actuellement dans le besoin. La coalition avait, rappelle-t-on, fermé lundi les frontières du Yémen en réponse à un tir de missile durant le week-end précédent par des Houthis, intercepté près de Riyad, et condamné par le Conseil de sécurité de l'ONU. Il s'agit d'une forme de punition collective dénoncée par l'opinion internationale. Le secrétaire général adjoint aux Affaires humanitaires de l'ONU, Mark Lowcock, avait toutefois rapidement évoqué, devant ce même Conseil, le risque de voir survenir «la plus grande famine» de ces dernières décennies — avec des «millions de victimes» — si le blocus de Riyad n'est pas levé. Pour l'ONU, le Yémen constitue la première des crises humanitaires mondiales, avec 17 millions de personnes nécessitant de l'aide alimentaire, dont 7 millions risquent la famine. Le blocus entrave également l'assainissement de l'eau et cela peut avoir un impact sur près de six millions de personnes vivant dans des districts à haut risque de choléra, selon la responsable de l'Unicef au Yémen, Merixtell Relano. Entre le 27 avril et le 8 novembre 2017, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a enregistré 913 741 cas suspects de choléra et 2196 décès liés à cette maladie, même si le nombre de cas est en diminution depuis plusieurs semaines. L'Arabie Saoudite et ses alliés sont intervenus au Yémen en mars 2015 pour mettre fin à la rébellion des Houthis et venir en aide aux forces pro-gouvernementales regroupées dans le Sud.