La wilaya de Tizi Ouzou a bénéficié de mégaprojets de développement, dans le cadre dit du programme de la relance économique. L'on peut citer entre autres, le nouveau pôle universitaire de 15 000 places pédagogiques et 20 000 lits à Tamda, une vingtaine de collèges et 11 lycées. Ceci sans oublier d'autres programmes de construction de cantines scolaires, de foyers de jeunes et de salles de sport, de centres de santé et divers équipements publics. Mais les ambitions des pouvoirs publics de rattraper le retard enregistré en matière de développement local, dans une région livrée à l'insécurité et à l'anarchie ces six dernières années, ne peuvent pas être traduites positivement sur le terrain pour diverses raisons. Outre le problème bureaucratique qui pénalise certains entrepreneurs, le manque de main-d'œuvre qualifiée et l'inexistence d'entreprises, suffisamment loties sur le plan matériel et financier, retardent à coup sûr le lancement et l'achèvement de ces projets. C'est le constat qui nous est fait à chaque sortie du wali de Tizi Ouzou sur le terrain. Contrairement à ce qu'ils garantissent dans les cahiers des charges lors des soumissions, les entrepreneurs s'abritent derrière la difficulté de trouver des ouvriers, en cherchant même dans les wilayas limitrophes. Le manque de main-d'œuvre qualifiée est la conséquence de la défaillance des responsables de la formation professionnelle qui ont quasiment négligé la formation des jeunes dans les métiers manuels et artisanaux. Mais ce n'est pas tout. L'absence de professionnalisme de la plupart des entreprises, exerçant particulièrement dans le bâtiment et les travaux publics, explique en partie ce problème. Si les jeunes préfèrent souvent subir les affres d'un chômage endémique, c'est en raison de l'inexistence de meilleures conditions de travail dans les chantiers. Ces derniers refusent de travailler parce qu'ils ne sont ni bien payés ni déclarés à la sécurité sociale. Parfois, ils triment plus de huit heures par jour sans être payés en conséquence. L'inspection du travail est la seule mise en cause. Quant aux caisses d'assurances, ce sont des pertes sèches qu'elles enregistrent chaque année. En matière d'hébergement, les entrepreneurs ne fournissent aucun effort pour maintenir pour longtemps les ouvriers qui viennent des contrées isolées. En somme, ce sont les Chinois qui arrivent en force pour s'occuper d'une importante partie des mégaprojets dont a bénéficié la wilaya de Tizi Ouzou et dont la livraison est des plus urgentes.