Malgré une part de marché de 53% sur le transport des voyageurs et des véhicules, l'Entreprise nationale de transport maritime des voyageurs (Entmv) n'arrive pourtant pas à tirer son épingle du jeu. Les chiffres communiqués hier au Forum d'El Moudjahid par le premier responsable de la compagnie nationale, Mohamed Halkoum, qui, quand bien même seraient en évolution par rapport à l'exercice précédent (2005), cachent une autre réalité moins reluisante de l'entreprise, celle d'un endettement et d'un déficit pesants. Un endettement de l'ordre de 16 milliards de dinars, dont 14,6 milliards de dinars représentant une dette sur investissement (achat des car-ferrys) que l'Entmv a contracté, note un des assistants du PDG, pour étoffer sa flotte. L'entreprise a également enregistré un déficit de 373 millions de dinars en 2006. Bénéficiaire jusqu'au 2004, l'Entmv a été confrontée par la suite, faut-il le souligner, à une conjoncture défavorable caractérisée à la fois par l'arrivée d'autres concurrents sur un marché national déjà limité, mais aussi par l'application de mesures administratives contraignantes, notamment la suppression de l'importation des véhicules âgés de moins de trois ans qui représentait pas moins de 20% du chiffre d'affaires de la compagnie. Autre élément important soulevé par le PDG est celui du carburant que l'entreprise paie au prix international. En 2006, l'entreprise a déboursé la bagatelle de 1,4 milliard de dinars pour la facture de consommation du fuel. L'on ne peut s'empêcher de s'interroger sur l'attitude des pouvoirs publics qui, d'un côté, autorisent l'Entmv à s'endetter pour financer ses investissements et, de l'autre côté, permettent à des compagnies étrangères de s'installer sur un marché d'à peine 800 000 passagers, compromettant ainsi le plan d'investissement de la compagnie maritime nationale. On est loin de l'attitude des pouvoirs publics français à l'égard de la compagnie SNCM. Cette dernière est subventionnée ouvertement et jouit de toutes les protections possibles. La compagnie nationale aérienne Air Algérie jouit pourtant de tous les égards. Pourquoi ce qui est valable pour Air Algérie ne l'est-il pas pour l'Entmv ? Une question à laquelle seul le ministère des Transports peut répondre. Un re-profilage de la dette serait, note-t-on du côté de l'Entmv, souhaitable pour permettre à l'entreprise de respirer et d'être compétitive. Notons enfin que pour la saison estivale 2007, qui coïncide avec la célébration du 20e anniversaire de la création de l'entreprise, l'Entmv, indique son PDG, prévoit l'affrètement d'un 3e car-ferry pour pallier l'éventuel retard de livraison du car-ferry Tassili II, actuellement en réparation en Italie. La flotte qui sera utilisée pour cette saison sera composée de 3 navires en propriété ainsi que 3 navires affrétés.