La mémoire est aussi affaire d'images. L'Algérie va enfin pouvoir récupérer sa mémoire audiovisuelle à partir d'un accord signé avec l'Institut français d'audiovisuel, INA, qui a pris l'engagement d'offrir 200 heures d'archives à l'Algérie. Le président de cet institut, qui s'est exprimé sur les colonnes de l'hebdomadaire Le point, a expliqué que les termes de l'accord signé stipulent que l'INA « va aider la télévision publique algérienne à reconstituer sa mémoire audiovisuelle. Nous leur offrons un fonds d'archives d'environ 200 heures qui comportent essentiellement des documents d'actualité », dira Emmanuel Hoog, en précisant que ces archives vont des images « sur le bombardement de la flotte française dans le port de Mers El Kebir en 1940 aux Accords d'Evian, en passant par des reportages sur la caravane des Touareg dans le désert, ou encore des concerts de musique traditionnelle. Et bien sûr la guerre d'Algérie, mais ce qui manque le plus aux Algériens, ce sont des images du quotidien, de la vie ordinaire à Alger, Oran, etc. ». Le même responsable de l'INA fera remarquer que les Algériens ne disposent d'aucune image animée de leur pays d'avant l'indépendance « jusqu'ici, les images étaient payantes et le volume d'affaires avec l'Algérie est tout à fait symbolique pour l'Ina. N'empêche que, de temps à autre, de petites sociétés de production algérienne avaient besoin d'images. Nous étions dans l'obligation de les leur faire payer. C'était très gênant d'avoir à discuter pour quelques milliers d'euros », indique Emmanuel Hoog en considérant que « les Algériens ont droit à leur mémoire. C'est à l'honneur de la France d'avoir conclu cet accord ». Cet accord qui n'est pas financier permettra à la Télévision algérienne de pouvoir commercialiser les images récupérées dans le cadre de l'univers hertzien algérien. S'agissant de vendre ces images à d'autres pays, le président de l'INA précise que des négociations sont prévues dans le futur pour discuter des modalités de vente d'images pour les pays du bassin méditerranéen. « En revanche, l'INA conserve ses pleins droits commerciaux pour tous les pays en dehors du bassin méditerranéen », affirme M. Hoog. Pour rappel, l'accord en question a été signé le 3 décembre dans le cadre de la visite du président français, Nicolas Sarkozy, en Algérie. Un volume de 1862 documents est rendu disponible, dont certains sont muets.