Khartoum, qui a émis le 26 mars, après les combats avec raids aériens, interventions de chars, artillerie lourde, un décret créant un comité de haut niveau pour la mobilisation afin de préparer les camps d'entraînement pour la Force de défense populaire, annonce la « suspension immédiate » des pourparlers de paix avec le Sud à Addis-Abeba et une « mobilisation générale » contre la « plus grave » violation de sa souveraineté depuis juillet 2011. Face à ce qu'il considère comme une agression, le Soudan promet de réagir « par tous les moyens ». Selon Khartoum, les troupes de Juba ont effectué une incursion en profondeur sur son territoire sur 70 km. Le ministère soudanais des Affaires étrangères demande à la communauté internationale de faire pression sur le Soudan du Sud pour qu'il retire ses troupes de Heglig « sans conditions préalables ». Le Sud du Soudan, qui accuse l'armée soudanaise de bombarder son territoire, tient les mêmes propos guerriers que son voisin du Nord. James Wani Igga, le président du Parlement, demande à la population de se tenir prête à aller en guerre si le Soudan veut « vraiment la guerre ». « Si vous ne vous défendez pas, vous serez anéantis, alors, vous devriez mobiliser la population sur le terrain pour qu'elle soit prête », dit-il oubliant de préciser que la zone de Heglig a été conquise le 26 mars par l'armée sud-soudanaise avec l'appui des rebelles du SPLM-N (Mouvement de libération des peuples du Soudan - Nord) avant d'être reprise le lendemain par l'armée de Khartoum et depuis hier matin, par celle de Juba. L'accord de non-agression signé par les capitales en février semble relever du passé. Tout comme l'avancée majeure en mars, avec l'annonce d'une visite historique début avril à Juba du président soudanais Omar el-Béchir pour un sommet avec son homologue sud-soudanais Salva Kiir. Certains médias et ONG activant aux frontières entre les deux pays parlent de mouvements de troupes des deux côtés. L'Union africaine qui mène une médiation pour apaiser les relations entre Juba et Khartoum, à Addis-Abeba, depuis l'accès du Soudan du Sud à l'indépendance, est « profondément inquiète ». Elle appelle le Sud à se retirer immédiatement et inconditionnellement de la zone pétrolière. Elle appelle aussi les deux parties à retirer toute force armée qui se trouverait sur le territoire de l'autre, à cesser les bombardements aériens, arrêter d'héberger et soutenir des forces rebelles (...) de l'autre Etat et respecter l'intégrité territoriale de l'autre. Depuis « juillet 2011 », les deux voisins se disputent des zones riches en pétrole. Et comme Juba a hérité des trois quarts des réserves pétrolières du Soudan d'avant-sécession, il y a fort à craindre que leur entente ne sera pas pour demain.