Récemment, Ali Bedrici a publié un roman d'amour émouvant sous le titre évocateur « Les exilés de l'amour » aux Editions Alpha. L'œuvre raconte dans une langue musicale l'histoire de Mourad, un jeune issu d'une modeste famille. Grâce à son sérieux et à son abnégation, il réalise un cursus universitaire enviable. Studieux, il décroche un diplôme d'ingénieur en informatique. Une société de renommée l'engage sur concours. Mourad fait connaissance de Nadia qu'il aime dès leur première rencontre. Une barrière se dresse entre les deux jeunes et risque même d'étouffer leurs sentiments. En effet, l'origine sociale des deux amoureux mine le couple. Mourad est né d'une famille modeste. Nadia est riche. Lorsqu'elle lui annonce son projet de mariage, son père lui oppose un refuse catégorique. Il est hors de question, pour lui, que sa fille se marie à un homme pauvre. Mais à force d'arguments, elle arrive à le convaincre. La cérémonie du mariage se déroule en deux temps. Toutefois, le fait des traditions rattrape le couple quelque temps seulement après leur union. Le couple n'arrive ni à se comprendre ni à se supporter. Il divorce. La femme quitte le pays et s'installe à l'étranger où décroche un emploi. Elle fait connaissance d'un alcoolique. Elle épouse, mais divorce au bout de quelques mois. Deuxième divorce, un autre échec. Mourad épouse, lui, une jeune couturière de son quartier. Il pense pouvoir refaire sa vie de couple. Rien n'y fait. Le décalage du niveau intellectuel finit par être la goutte qui fait déborder le vase. Deuxième divorce pour le jeune infortuné. Mais le hasard fait que Mourad revoit son ex-femme à Paris, où ils renouent le contact. Un sentiment d'amour les rapprochent l'un de l'autre, irrésistiblement. Mourad et Nadia finissent par se remarier et vivre dans le bonheur. « C'est dommage qu'on soit réduits à partir pour s'épanouir. C'est quand même un déchirement, », soupire Nadia. Et Mourad de préciser : « Nous sommes heureux, c'est l'essentiel ». Comme quoi, l'amour n'a pas de nationalité, ni de patrie si ce n'est nos cœurs ! Composé de trois parties, dont la première est consacrée aux tragiques évènements de Bab El Oued, « quartier populeux, mais qui fourmille de vie », le roman parle de deux franges de la société qui se regardent, se voient et se coudoient sans jamais se rencontrer : les pauvres et les riches. Il montre aussi et surtout comment une tradition surannée peut-elle détruire des vies faire éclater des foyers. Le romancier fait, par ailleurs, un clin d'œil à ce vieux quartier de la capitale, qui « porte bien son nom, la porte de la rivière. Que l'on vienne des hauteurs de la ville ou de la mer, on voit bien que l'oued qui vient de Frais Vallon y franchit l'ultime étape de son parcours avant de se jeter fans la Méditerranée ». Il rend aussi hommage aux victimes emportées par les inondations qui ont coûté la vie à des milliers de personnes. « C'était terrible. Après une forte pluie, la route s'était transformée en un fleuve en furie, prenant au piège des bus, des camions, de voitures légères et de nombreux passants qui avaient été emportés comme des fétus de paille, d'abord par les torrents d'eau puis par les coulées qui les avaient soit ensevelis, soit entraînés jusqu'à la mer », rappelle-t-il, avant d'avertir que la nature reprend toujours ses droits. Certaines pages du roman sont autant d'analyses sociopolitiques que d'envolées lyriques. Diplômé de l'école nationale d'administration, Ali Bedrici se consacre à une carrière professionnelle qui le mène aux quatre coins du pays. Fasciné par la beauté du pays, sa profondeur historique et culturelle, sa richesse géographique, il en conçoit une vision qui façonne son écriture et révèle chez lui une sensibilité poétique certaine que l'on retrouve d'ailleurs autant dans ses écrits versifiés que dans sa prose. Djamel O. « Les exilés de l'amour » d'Ali Bedrici, Edtions Alpha, pages, prix public : 450 DA