Le secrétaire général de l'UNPA, Mohamed Alioui, estime que les prix appliqués sur ces produits sont « excessivement élevés ». Pour renverser la vapeur, il revendique, au nom des agriculteurs, « des marchés gérés directement par des fellahs professionnels, sans passer par les intermédiaires », propriétaires des marchés ou d'espaces de transit de marchandises. Pour M. Allioui, ce genre de marchés contribuera à la régulation des prix, notamment des produits de base, et faussera les calculs des spéculateurs qui ont déjà commencé le stockage et la distribution pour avoir la mainmise sur le marché. Notre interlocuteur réitère la demande de la création des marchés qui seront gérés par les producteurs de légumes, ce qui évitera la succession d'intermédiaires. « Il faut savoir que le fellah cède, à tire d'exemple, la pomme de terre à 14 DA au mandataire. C'est ce dernier qui fixe son prix sur le marché. Le mandataire est sollicité par une tierce personne qui rachète toute la production et fixe à son tour des prix souvent exorbitants. Le produit est cédéaux consommateurs à raison de 65 et 70 DA le kilo ». Prenant la défense des agriculteurs, le SG s'est dit contre le fait que le mandataire et le commerçant engrangent le triple de ce que gagne le fellah, alors que le travail le plus dur est accompli par ce dernier. Il plaide pour la prise en charge de leurs doléances, notamment l'effacement des dettes et l'électrification rurale. Le deuxième responsable de la situation serait le ministère du Commerce. « Avant de procéder au contrôle de la qualité et des prix, le ministère doit plafonner les prix des produits », a-t-il indiqué. Sur ce point, notre interlocuteur qualifie les marchés de lieux anarchiques. « Les marchés ne respectent aucune loi et ne répondent à aucune logique. Le principe de l'offre et de la demande est inexistant et les spéculateurs sont les maîtres des lieux », a-t-il déploré. Pour sa part, le SG de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), Salah Souilah, met en exergue l'intervention du ministère du Commerce pour garantir la stabilité des prix. M. Souilah affirme que les 6.000 nouveaux agents de contrôle injectés, l'année dernière, sont capables de surveiller l'ensemble des circuits de distribution des produits alimentaires dans les marchés de gros et de détail. Le secteur du commerce est rongé par les intermédiaires qui rendent, selon lui, les produits alimentaires inaccessibles. « Certains produits passent par six ou sept intervenants avant de parvenir au consommateur », regrette-t-il, avant de rappeler les propositions qu'il a faites, notamment l'augmentation du SNMG à 30 000 dinars, le plafonnement des prix, l'instauration des pratiques transparentes pour stopper cette anarchie. Les citoyens n'ont-ils pas une responsabilité ? Le responsable de l'Union a indiqué qu'il est difficile d'endosser la responsabilité aux citoyens, même s'ils sont en mesure de changer le cours des choses. « Le consommateur peut se passer de certains légumes et fruits qui devraient coûter la moitié de leur valeur, mais il n'existe pas de solidarité entre les acheteurs ». M. Allioui a fait savoir que certains marchés ne sont pas destinés à l'ensemble des Algériens, compte tenu de la cherté des produits proposés. A cet effet, il conseille les ménages d'être rationnels dans leurs achats. M. Souilah déclare que le citoyen n'est pas responsable et il a le droit de consommer les produits nationaux existant sur le marché ». Il revendique « une intervention des pouvoirs publics ». Interrogé sur la question, M. Taïfour, responsable de la communication au ministère du Commerce, a affirmé que ce département « ne peut plafonner que les produits aux prix administrés ». Il explique que « les fruits et les légumes sont soumis au principe de l'offre et la demande ». Donc, « le ministère du Commerce ne peut intervenir pour plafonner les prix de ces produits ». Le représentant du ministère estime que la flambée des prix n'est pas généralisée et « seuls trois à quatre produits, hors saison (poivron, courgette, tomate), se vendent cher ». Par rapport à l'absence de contrôle, le responsable de la communication précise qu'« en 2012, les différentes inspections ont effectué plus d'un million d'opérations à travers le territoire national ».