Sur fond de conflits sunnites-chiites, marquées notamment par le double attentat à la voiture piégée perpétré devant l'ambassade iranienne, à Beyrouth, des combats ont repris, hier, à Tripoli, entre des « snippers » du quartier sunnite de Bab al-Tebbaneh, portant l'étendard de la rébellion syrienne, et les alaouites de Jabal Mohsen victimes de la traque quasi systématique. En 24 heures, l'on compte 9 morts et une dizaine de blessés. Motif : l'appel à la vengeance lancé à la suite du double attentat contre deux mosquées sunnites qui ont fait, le 23 août dernier, une quarantaine de morts. L'exacerbation des tensions a provoqué le déploiement massif de l'armée et l'annonce par le Premier ministre par intérim, Najib Mikati, de « plusieurs décisions en matière de sécurité ». Prise au piège de la dérive confessionnelle, la population libanaise rêve du retour à l'ère de la stabilité et à la paix que les promesses de Genève 2 laissent entrevoir. La Syrie enfin toute proche de Genève 2 et l'espoir du dénouement heureux du drame syrien et de l'ère de la destruction totale et de l'exode massif des populations. Damas et l'opposition ont donc accepté de se rencontrer autour de la table des négociations pour tenter de dégager un compromis satisfaisant et tourner la page noire des années de braise. Le pas décisif du désarmement chimique a signé la fin de l'alibi occidental et barré la route aux aventuriers de tout bord brandissant l'arme fatale du « tout sécuritaire ». Selon l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), l'opération de destruction en mer d'une partie de l'arsenal sera enclenchée par les Etats-Unis sur l'un de leurs navires, en vertu de l'accord de Genève stipulant que les armes syriennes les plus dangereuses doivent être transportées hors du pays en guerre avant le 31 décembre. Il reste le cas problématique des pays sollicités (Albanie, France, Norvège) qui ont à ce jour refusé catégoriquement de contribuer à la destruction des arsenaux syriens sur leur sol. Faute de candidats, l'OIAC s'est donc tournée vers des sociétés commerciales qui se bousculent au portillon pour prendre la part du gâteau du marché juteux (destruction de près de 800 tonnes d'agents chimiques et de 7,7 millions de litres de résidus). Vingt-huit d'entre elles, spécialisées dans le traitement de produits chimiques dangereux, ont accepté de participer à un appel d'offres, a annoncé l'OIAC. Une opération qui ne pourra cependant pas être conclue sans la coopération des Etats. « Nous ne sommes pas une organisation commerciale, mais intergouvernementale, et nous ne pouvons pas engager de contrats commerciaux sans le consentement de nos Etats membres », a expliqué le conseiller politique du directeur général de l'OIAC, Malik Ellahi. Au seuil de Genève, le régime de Damas fait feu de tout bois et conforte sa position sur le terrain en poursuivant le siège de Qalamoun (nord de Damas) pour asphyxier la rébellion positionnée autour de la capitale. La reprise de la localité de Deir Attiya et de Qara ouvre la voie au contrôle de Nabak et de Yabroud pour desserrer l'étau sur la capitale et priver la rébellion de la base arrière, érigée en dépôt d'armes et commandant l'accès à l'autoroute stratégique Damas-Homs. L'armée syrienne a assurément marqué des points et permis au régime de Bachar El Assad de se présenter à Genève avec un rapport de force plus que favorable. Le temps des « menaces et intimidations est terminé, et ne reviendra jamais, tandis que l'ère de la victoire et de la fierté est en cours sur le sol syrien », a conclu le Premier ministre syrien, Wael El Halki, à l'occasion de sa visite en Iran à la tête d'une délégation comprenant les ministres des Affaires étrangères, de la Santé, de l'Economie, de l'Electricité et de l'Energie. Il estime que l'Iran est « dans la même tranchée aux côtés de la Syrie, la soutenant à tous les niveaux contre l'axe agressif du mal », a renchéri le premier vice-président iranien, Eshaq Jahanjiri. L'accord conclu en l'Iran et les 5+1 sert la stabilité et la sécurité dans la région, a insisté le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, réservant son premier déplacement aux deux pays qui ont favorablement accueilli cet accord : le Koweït et Oman représentant entre fin 2011 et fin 2013 les intérêts iraniens en Grande-Bretagne. Cette main tendue s'est élargie aux Emirats arabes unis dont le chef de la diplomatie, cheikh Abdallah Ben Zayed Al-Nahyane, en visite à Téhéran, a plaidé pour la création d'un « comité économique conjoint » et l'accroissement des liens dans tous les domaines. Sur les cendres du GMO, un ordre régional rénové au service de la paix et des intérêts des peuples de la région est-il en train de naître ?