Les faits de cette affaire remontent à l'année 2011 suite au démantèlement d'un réseau spécialisé dans le trafic de cocaïne en provenance de Bamako et d'Espagne, composé de stewards à Air Algérie parmi eux Réda Sika. Le coup de filet a été réussi grâce à une information parvenue aux services de sécurité. Le dénommé L. Youssef, steward, a été le premier membre du réseau arrêté à l'aéroport Houari-Boumediene, de retour de Bamako. Les policiers trouvent en sa possession une quantité de cocaïne pure. Tout le réseau est démantelé et les auteurs arrêtés dont la plupart, des stewards, profitaient de leur fonction pour acheminer de la cocaïne lors de leurs déplacements dans la capitale malienne. Des capsules étaient transportées pour être écoulées sur le marché algérien. Lors de son audition, L. Youssef a reconnu les faits. Au tribunal, il déclare avoir été chargé par F. Abdennour, considéré comme le chef du réseau et le recruteur pour le transport de la cocaïne de Bamako. « Il m'a remis une somme de 2.075 euros pour la donner à un certain Brahim à Bamako. A mon arrivée à l'hôtel, Brahim est venu récupérer l'argent et m'a donné rendez-vous le lendemain, une heure avant le vol vers Alger. Il m'a remis quatre capsules et un petit sachet qui contenait de la poudre blanche. C'était ma première affaire et j'avais peur d'être découvert au cours des formalités douanières, mais j'ai pu quand même transporter la drogue », raconte-t-il avant d'être interrompu par le juge Benkharchi qui l'a interrogé sur les mesures de fouille au niveau de l'aéroport d'Alger. « On n'est pas soumis aux mêmes mesures que les passagers, elles sont allégées pour l'équipage », fait-il savoir. Il ajoute que la marchandise a été remise à Abdennour en contrepartie de 70.000 DA. « Mais il ne m'a donné que 42.000 DA sur place », précise L. Youssef. Il sera ensuite contacté par un autre membre du réseau, Mounir L. H., un intermédiaire, qui lui a réclamé 20.000 dinars, « parce que c'est lui qui m'a assuré le contact avec le réseau ». L'accusé a reconnu avoir transporté de la cocaïne à plusieurs reprises, sur demande d'Abdennour qui a procédé au remplacement d'un autre steward, muté entre-temps, pour accomplir « ces missions ». Autre aveu : une hôtesse était parmi les consommateurs de cette drogue dure cédée à 12.000 DA le gramme. « C'est Chakib S. qui m'a informé que l'hôtesse (Assia. A.) était consommatrice de cocaïne », précise-t-il en réponse au magistrat. 100.000 DA pour faire « la mule » Un magistrat s'est avéré tenace en voulant savoir comment l'accusé a-t-il fait pour changer au dernier moment de destination en s'envolant pour Bamako alors qu'il était prévu pour assurer le service pour le vol Alger-Niamey. Il a affirmé avoir permuté avec un autre steward avec le consentement du chef de secteur. Une procédure normale, selon lui. Cette permutation lui permettait ainsi de ramener de la cocaïne pour 6.395 euros remis toujours par F. Abdennour qui lui a promis 100.000 DA pour cette mission. Elle sera la dernière. Puisque à son retour, L. Youssef est surpris par un dispositif sécuritaire spécial au niveau de l'aéroport. Il est soumis à une fouille au cours de laquelle des capsules sont trouvées en sa possession. « J'ai contacté au téléphone, en présence des policiers, F. Abdennour qui m'attendait, sans l'informer de mon arrestation et c'est ainsi qu'il a été arrêté », explique-t-il. Interrogé sur le choix de Bamako, l'accusé affirme que « la cocaïne en provenance d'Afrique est forte et pure contrairement à celle d'Espagne qui est contrefaite ». L. Youssef a ensuite éclaté en sanglots devant les questions du tribunal criminel. « Mes amis m'ont utilisé ! Je leur faisais confiance et j'ai même filmé ma première affaire ! Moi je n'assurais que le transport », relève-t-il, harcelé par les questions de la défense de ses complices. Selon le dossier de l'affaire, F. Abdennour est considéré comme un narcotrafiquant notoire. Il a reconnu avoir recruté en 2008 un groupe de stewards, parmi eux Réda Sika, pour ramener de la cocaïne depuis Bamako et l'Espagne. Ce que dément formellement le chanteur, niant tout au long de l'instruction judiciaire la commercialisation ou le transport de drogue, tout en reconnaissant en avoir été un consommateur épisodique. Les auditions des accusés se sont poursuivies jusqu'à une heure tardive de la journée. Le verdict sera connu aujourd'hui.